Des tensions de trésorerie au sein de la Sem ont été révélées par la directrice adjointe. Si ces failles dans la gestion des finances de la Sem ont été reconnues, des actions pour y remédier ont été prises.
Le 4 juillet dernier, Marie-Paule Bélénus-Romana présentait le rapport d’activités de la Semsamar, dont elle est la directrice générale. « L’entreprise est toujours florissante malgré les péripéties. Le chiffre d’affaires a progressé pour atteindre 116 millions d’euros, malgré un contexte social et économique particulièrement difficile », confiait-elle en préambule de sa présentation, qui allait décliner, par thématiques et territoires, les différentes actions la Sem de Saint-Martin, dont la Collectivité est actionnaire à hauteur de 51 %.
Marie-Paule Bélénus-Romana a dressé le portrait d’une « entreprise dynamique avec de belles perspectives de développement et capable de répondre aux nouveaux besoins des collectivités. »
Un document imprimé sur papier glacé, exclusivement pour le Conseil territorial de Saint-Martin, de 126 pages a été distribué. Il retrace l’ensemble des projets dans les quatre territoires où la Sem est implantée, ainsi que les axes de développement.
Une partie est aussi consacrée à l’état financier de l’entreprise. Sommairement, la Directrice générale livre le chiffre d’affaires (en augmentation), le résultat (positif, mais en baisse), la répartition des investissements par secteur d’activité. Tout aussi brièvement, elle indique avoir recruté un DAF (directeur administratif et financier). Puis passe à l’exposé des projets en cours et à venir.
Aucune question ne lui est posée. Surprenant de la part d’élus qui, depuis des mois, réclamaient cette fameuse présentation. Pourtant, certaines interrogations pouvaient être soulevées, comme celle-ci : comment une société qui fête cette année ses vingt-huit ans a-t-elle pu fonctionner sans DAF ?
POURQUOI UN DAF ?
Qu’une petite PME n’ait pas de DAF, cela est compréhensible. Mais qu’une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires annuel supérieur à 100 millions d’euros n’en ait pas, cela paraît plus étonnant.
Le rôle d’un directeur administratif et financier est de « définir et de superviser la gestion administrative et financière (trésorerie, contrôle de gestion, etc.) d'une structure selon les choix stratégiques adoptés par les instances dirigeantes et les réglementations », selon la définition de Pôle Emploi. Autrement dit, le DAF doit définir une stratégie financière, en accord avec les objectifs de la direction, afin de maintenir l’équilibre financier de l’entreprise.
Un poste important et essentiel au sein d’une société. Or, la SEM n’en était pas pourvue. Les difficultés de trésorerie récemment révélées par la directrice adjointe doivent-elles alors surprendre ? (lire ci-dessous).
Absence de vision consolidée
Cette responsabilité financière était, en fait, assumée par plusieurs collaborateurs : « en Guadeloupe par une seule personne, à la fois DAF et directeur des ressources humaines, à Saint-Martin par des salariés de la société et par un expert-comptable, prestataire de la société », indiquait la Miilos dans son rapport de 2009, soulignant ainsi « l’absence d’unicité de la direction financière et comptable et, corrélativement, de vision consolidée ». Et de préciser l’importance pourtant « d’impliquer le service financier dans la prise de décision ».
Pour la Miilos, il est clair que «la société n’a pas adapté son organisation comptable et financière à la mesure de la croissance de son activité ». La SEM le reconnaît, puisqu’elle reprend, dans son document distribué aux élus de Saint-Martin quatre ans plus tard, la remarque suivante de la Miilos : « dysfonctionnements importants dans la fonction comptable et financière préjudiciable à la société ».
Depuis, « les dispositifs de contrôle financier et comptable ont été renforcés avec, notamment, un management de qualité, un compte-rendu régulier sur la gestion de la société, un examen régulier des risques liés aux opérations en cours ».
En outre, « un comité financier a été créé », dont les missions sont la « réorganisation des services financiers, l’optimisation de la gestion de la trésorerie, l’élaboration des prévisions de trésorerie générale ».