La position de l’Etat peut paraître paradoxale en matière de lutte contre la vie chère. D’un côté, il fait voter une loi pour faire baisser les prix et d’un autre, il verse aux fonctionnaires des primes de compensation.
En 2009, la question avait été soulevée de manière délicate, lors des conflits sociaux en Guadeloupe et en Martinique.
Lutte contre la vie chère outre-mer : une démarche saluée par tout le monde
Parti du constat que le coût de la vie était effectivement plus cher en Outre-mer qu’en métropole, l’Etat avait entamé des premières négociations avec les différents importateurs et grossistes des îles concernées, pour que ceux-ci baissent leurs prix d’une manière générale.
Une démarche saluée par tout le monde, puisqu’elle visait à augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs. Ce qui revenait donc à constater que le coût de la vie allait diminuer.
Mais ce qui revenait aussi à admettre que les indemnités de compensation contre la vie chère des fonctionnaires de métropole mutés en Outre-mer n’avaient plus lieu d’être. Du moins, leur montant devait être revu à la baisse.
Rapidement, on avait changé de sujet…
Faire baisser le coût de la vie
L’amélioration du pouvoir d’achat, Victorin Lurel en a fait l’une de ses priorités à son arrivée au poste de ministre des Outre-mers, en mai dernier. En novembre, était promulguée la loi de régulation économique en ce sens et l’une de ses mesures phares était le "bouclier des prix", applicable dans les territoires depuis mars.
A Saint-Martin, ce dispositif vient d’être mis en place et une baisse de 5 % sur 43 produits de première nécessité sera appliquée à partir du 1er mai prochain. Une mesure on ne peut plus, bien sûr, satisfaisante.
Toutefois, la volonté de l’Etat de faire baisser le coût de la vie en Outre-mer et, dans le même temps, d'attribuer à ses fonctionnaires des indemnités à hauteur d’un milliard par an pour compenser ce surcoût, apparaît d’autant plus paradoxal qu’une loi a été votée.
"Une inégalité injustifiée" pesant sur le secteur privé
Dans un récent article, la fédération des entreprises des départements d’Outre-mer (Fedom) s’en étonne. « On ne peut pas à la fois légiférer contre la vie chère et laisser perdurer les primes censées y faire face. Elles maintiennent ainsi la différence de perception du coût de la vie, créant une inégalité injustifiée qui pèse sur le secteur privé », peut-on lire.
En 2011, la suppression de l’indemnité correspondant à seize mois de salaire, versée durant quatre ans aux fonctionnaires s’installant notamment à Saint-Martin, en plus de la majoration de 40 %, avait été remise en cause. Mais, finalement, elle n’avait pas été actée.
Aujourd’hui, de nouvelles discussions au niveau gouvernemental sont en cours et le montant des primes est revu à la baisse.