Le fourgon de la gendarmerie attendait hier les prévenus sous mandat de dépôt.
Mercredi, deux hommes comparaissaient devant le tribunal de Marigot pour deux affaires distinctes, d’effractions, de vols et de recel. Tous deux avaient pour point commun, une dépendance aux drogues dures.
D.D. et N.M. sont nés tous les deux en métropole, en juillet 1970. Tous deux ont été rattrapés par la spirale infernale de la drogue, qui les a conduits à se retrouver sans logement, sans argent, sans amis et à commettre des délits.
Ravages collatéraux
C’est un lieu commun de dire qu’à Saint-Martin, plus encore qu’ailleurs, la facilité avec laquelle le consommateur de drogues s’en procure à moindre frais, fait des ravages.
D.D. s’est présenté devant le tribunal, retenu sous escorte, dans un état de grande faiblesse physique. Il était au bord de l’évanouissement au début de l’audience. Il ne parlait pas, mais murmurait. Le procureur de la république, Flavien Noaille, l’a qualifié de « catastrophe humaine, sociale et judiciaire. » Il a considéré que « le seul service que la justice pouvait lui rendre était de l’isoler. »
« Comment fait-on pour en arriver là ? ».
Il a requis à son encontre deux années d’emprisonnement dont une avec sursis et une mise à l’épreuve avec obligation de soins, de travail et d’indemnisation des victimes de ses vols. Son avocat, Maître François Paris a lui, posé la question : « comment fait-on pour en arriver là ? ».
Il a raconté la mort brutale du père, alors que D.D. n’avait que 13 ans, l’arrivée à Saint-Martin chez un oncle, à 16 ans, et la descente aux enfers. D.D, qui vivait avec une femme et est père de 4 enfants, a quitté le domicile conjugal il y a deux ans car, il « avait honte », dit-il.
Maître François Paris a approuvé le discours du procureur, car il a convenu que «t out seul, le prévenu ne peut pas s’en sortir. » Il a regretté cependant qu’il n’y ait que la prison comme alternative. « La justice française ne peut l’envoyer que dans la honte, la misère et la violence de la prison. » a-t-il dit.
Coupables, forcément coupables
Pour N.M., la spirale s’est enclenchée plus récemment, même si son addiction n’est pas nouvelle et qu’il a été régulièrement interpellé pour des faits de vols similaires à ceux qui lui étaient reprochés hier, en métropole entre ses 19 et ses 26 ans.
À presque 43 ans, N.M, s’est retrouvé à la rue depuis deux mois, son frère l’ayant licencié. Sans argent, sans logement, mais affirmant avoir arrêté la drogue avec l’aide des Liaisons Dangereuses et de son médecin, l’homme a squatté des logements, dans lesquels il dit n’avoir commis aucune effraction, car « il n’y avait plus de place au Manteau (association d’aide aux plus démunis NDLR) ».
«Il y a un moment où on en a marre d’être dehors. On a faim, on veut dormir dans un lit, prendre une douche », indique-t-il. «J’ai lavé mes chaussettes, mon short et mon T-shirt. J’ai pris une bière dans le frigo et je suis parti », a-t-il raconté.
Le tribunal a cependant fait état de la découverte d’objets volés en sa possession. N.M assure avoir trouvé un nouveau travail, « à partir du 18. » Qui dit contrat de travail, dit logement etc. La spirale infernale pourrait alors cesser.
Le procureur a requis 1 an d’emprisonnement, dont six mois ferme, et une mise à l’épreuve avec obligation de soins, de travail et d’indemnisation des victimes.
La chambre sur comparution immédiate du tribunal a reconnu les deux hommes, coupables des faits qui leur étaient reprochés. D.D écope de 2 ans d’emprisonnement dont un an ferme et N.M de 8 mois dont 4 avec sursis.
Ils dormiront au centre pénitentiaire de Baie-Mahault ce soir.