Jean-Pierre Tey, le directeur d’exploitation de Verde-SXM, Anne-Marie Bouillé, directrice de l’environnement et du cadre de vie au Pôle Développement Durable et Guillaume Arnell, vice-président de la Collectivité se battent pour une île plus propre.
Afin de sensibiliser la population à la question des déchets sur notre territoire, la Collectivité, en collaboration avec la société Verde-SXM, organise une journée "portes ouvertes", demain de 9h à 15h, sur l’éco-site de Grandes Cayes.
Les déchets que nous produisons dans la société de consommation dans laquelle nous nous complaisons à vivre, sont un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Pendant des décennies, les pays dits développés ont mis en œuvre un système où chacun ressent le besoin inexorable de posséder, puis se lasse et jette.
Obsolescence programmée
Au-delà même de ce constat, les entreprises donnent volontairement une durée de vie restreinte aux objets qu’elles fabriquent. C’est ce que l’on appelle "l’obsolescence programmée". Une des problématiques majeures à laquelle se retrouve confrontée notre société contemporaine est, sans conteste, celle de nos déchets.
Sur 93 km2 avec 75 000 habitants, Saint-Martin est particulièrement exposée, car l’espace est restreint. De plus, les résidants de la partie française produisent en moyenne 500 kg de déchets par personne et par an, alors qu’en métropole, ce chiffre est de 350 kg. « Il faut savoir que ce chiffre ne prend pas en considération les touristes », tempère Anne-Marie Bouillé, directrice de l'environnement et du cadre de vie au Pôle Développement Durable de la Collectivité. La situation sur notre île est inquiétante.
Si nous ne faisons rien, si nous laissons la situation empirer, il se pourrait fort que, dans des décennies, nos enfants vivent sur un tas d’immondices, alors que Saint-Martin est tellement belle.
Portes ouvertes demain
Dans l’objectif de sensibiliser la population à la question des déchets sur notre territoire, la Collectivité, en collaboration avec la société Verde-SXM, organise une journée "portes ouvertes" demain, de 9h à 15h, sur l’éco-site de Grandes Cayes. A l’occasion d’une conférence de presse organisée hier pour annoncer l’événement, Guillaume Arnell, vice-président de la Collectivité a demandé à « la population de s’impliquer davantage ».
« L’espace commun est la propriété de tous et chacun a l’obligation de le préserver» affirme-t-il. «Saint-Martin est une île à vocation touristique et les efforts que nous avons fournis avant le début de la saison (le grand nettoyage de l’île NDLR), je n’ai pas l’impression qu’ils aient servis à grand chose. Les gens pensent peut-être que nous ramassons pour eux, alors ils jettent sans complexe », indique-t-il.
20 000 tonnes de déchets par an
« La population n’a aucune idée où vont leurs déchets ni comment ils sont traités », regrette Anne-Marie Bouillé. Chaque année, ce sont quelque 20 000 tonnes de déchets ménagers et verts qui sont traités. Des travaux, qui vont se poursuivre sur 5 ans, ont pour objectif de créer 5 alvéoles supplémentaires de 28 000 m3 pour accueillir nos ordures car le site est arrivé à saturation.
Sur ce projet de 4,5 millions d’euros, 2 millions sont inscrits au budget 2013 de la COM. « Nous n’avons pas pu bénéficier de fonds européens, car nous ne sommes pas propriétaires du terrain. Nous le louons 180 000 euros par an depuis des années. Imaginez ce que ça représente. Nous voudrions vraiment l’acquérir », annonce Anne-Marie Bouillé.
Tri sélectif
Depuis 2007, le tri s’est mis en place à Saint-Martin. « Même si le réflexe n’est pas encore rentré dans les mœurs c’est tout de même 150 tonnes de plastique par an et 20 tonnes de verre par mois qui sont traités» indique Jean-Pierre Tey, le directeur d'exploitation de Verde-SXM. « Il faut faire comprendre qu’en triant mieux, on réduira la masse de déchets ménagers et nous pourrons alors prolonger la durée de vie de la décharge », ajoute-t-il.
En effet, la durée de vie du site se situe entre 7 et 10 ans. « Le travail que fait l’ambassadrice du tri sélectif à la Collectivité, Nicole Piper, dans les écoles est essentiel, car c’est à cet âge-là que tout ce joue. Seulement, il faudrait qu’ils soient dix à le faire », souligne Guillaume Arnell. Il appelle « chacun à faire la police, à chaque fois qu’il se trouve face à quelqu’un qui jette ses détritus dans la rue ou par la fenêtre de sa voiture. Il faut lui signifier que ce qu’il fait n’est pas correct. »
Anne-Marie Bouillé, raconte par exemple que récemment, elle était derrière une voiture dont le conducteur a jeté sa canette par la fenêtre. Son sang n’a fait qu’un tour : « je l’ai suivi jusque chez lui et j’ai vidé la poubelle de verre que j’avais dans ma voiture dans son jardin ! » Radical mais tellement efficace.