La Chambre territoriale des comptes a rendu son rapport d'observations définitives sur la gestion de l'établissement des eaux et de l'assainissement de Saint-Martin. Ses conclusions sont édifiantes.
L'eau est un sujet qui fâche à Saint-Martin ! Entre des factures aux montants importants et une distribution qui laisse à désirer dans certains quartiers de l'île, les usagers ont fort à se plaindre. C'est d'ailleurs pourquoi nombre d'entre eux essaient de trouver des solutions alternatives, avec l'installation de citernes.
Un examen de gestion sur les années 2006 à 2011
Pour le consommateur, le fautif est la Générale des Eaux (GDE) qui adresse les factures. La question de l'eau à Saint-Martin ne se résume toutefois pas essentiellement à la GDE ; deux autres acteurs sont concernés, l'établissement des eaux et de l'assainissement de Saint-Martin (EEASM) et l'Union Caraïbe de dessalement d'eau de mer (UCDEM).
La Chambre territoriale des comptes (CTC) a entamé, en 2011, un examen de la gestion de l'EEASM, portant sur les années 2006 à 2011. Dans ce rapport, qui vient d'être rendu public, la GDE et l'UCDEM sont aussi mentionnées ; certaines de leurs pratiques y apparaissent comme l'une des causes de ce prix élevé de l'eau à Saint-Martin.
Des factures 2,6 fois plus chères qu'en Guadeloupe
La CTC s'est, en effet, intéressée au fonctionnement du service de l'eau. Son premier constat est que « l'usager paie un prix exorbitant ». Avec un « prix d'environ 6,60 €/ m3 pour une facture de 120 m3 » le montant de certaines factures trimestrielles peut ainsi être « 2,6 fois » supérieur « au prix relevé en Guadeloupe ou dans la partie hollandaise », où le prix de l'eau est de 1,50 €/ m3.
Il s'agirait d'ailleurs d'un argument « utilisé par certains clients pour refuser » de payer leurs factures. En effet, selon un audit réalisé en parallèle par le cabinet SP 2000, le taux d'impayé est « très élevé », soit 5%, alors que la moyenne est de l'ordre de 0,8-1 %. Outre le prix élevé de l'eau, l'une des raisons expliquant le nombre d'impayés est le nombre important de mouvements migratoires, certaines personnes quittant l'île sans payer.
La Chambre des comptes estime que « le prix de vente de l'eau pourrait être largement diminué », si le coût de production était divisé par trois. Ce qui, selon ses analyses, est possible. Le prix de revient aujourd'hui par l'UCDEM est de 1,5€/m3, mais « peut être estimé à environ 1€/m3 » si un type d'exploitation « plus performant » était choisi « à l'image de ce qui se pratique sur les unités modernes de la partie hollandaise ».
De plus, la CTC souligne qu'en « régie, un prix de l'eau plus bas encore, à 80 cents contre 1 à 2 € par le biais d'un prestataire, est envisageable ».
Ramener le prix de l'eau à un niveau acceptable
Aujourd'hui, la formation du coût de revient dépend « pour environ 20 % des achats de matières premières et consommables, pour 25 % des charges de personnel et d'environ 30 % des charges d'amortissement. Le reste, soit 25 % étant constitué des services extérieurs, charges financières et impôt ».
Dans ses recommandations, la CTC stipule que « d’importantes marges de manœuvre existent encore, notamment pour ce qui est du coût de production de l’eau potable, pour ramener le prix de l’eau à un niveau acceptable. Ces marges doivent être explorées ».