Jean-Claude Duvalier : « Qu’avez-vous fait de mon pays ? »


Jean-Claude Duvalier (au milieu) répond aux questions du tribunal.

L’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier n’a pas tremblé, jeudi, devant Jean Joseph Lebrun, le juge de la cour d’appel, qui l’a interrogé pendant trois heures. L’ex-tyran, accusé de crimes contre l’humanité et de détournement de fonds, reviendra au tribunal sous huitaine.

L’ancien "président à vie" de la République a défendu, sans trembler, le bilan de son règne (1971-1986), réputé féroce. "Ma présidence a eu un bilan positif dans presque tous les domaines", a déclaré Jean-Claude Duvalier, qui doit retourner au tribunal dans 8 jours.

Réquisitoire contre les organisations internationales

Interrogé sur les cas de "meurtres, arrestations, emprisonnements arbitraires, exécutions sommaires" imputés à son régime, il a déclaré au tribunal qu’il est toujours intervenu quand des cas de violation lui ont été rapportés. M. Duvalier s’en prend aux organisations internationales des droits de l’homme qui, dit-il, cherchait toujours à déstabiliser son gouvernement, au lieu d’aider à l’implantation de la démocratie en Haïti.

Interrogé sur la prison de Fort-Dimanche, haut lieu de détention du régime, l’ex-tyran a répondu que, dans cette prison, on retrouvait "toutes sortes de délinquants et au pénitencier national, des dealers de drogue libérés, moyennant paiement à mon départ."

Duvalier retrouve "un pays effondré"

M. Duvalier, de retour d’exil depuis environ deux ans, a implicitement taclé ses successeurs : "Je ne peux pas dire que la vie était rose, mais les gens vivaient décemment. Lorsque je suis retourné, j’ai trouvé un pays effondré et rongé par la corruption. Et je demande à mon tour : qu’avez-vous fait de mon pays ?"