Clifford Brandt interrogé à la Dcpj
Les charges peuvent être lourdes pour Clifford Brandt, l’homme d’affaires écroué depuis trois jours pour son implication présumée dans le rapt de jeunes, Coralie et Nicolas Moscoso. Les faits matériels pourraient être, par exemple, des BBM (BlackBerry messenger) échangés entre cet homme d'affaires issus de la bourgeoisie haïtienne avec d’autres membres d’un puissant réseau.
Clifford Brandt aurait reconnu sa culpabilité dans le double rapt du 16 octobre dernier en communiquant à la police des informations sur le lieu de séquestration de ses victimes à Pernier, banlieue de Port-au-Prince. Selon des messages vérifiés sur son téléphone BlackBerry, Clifford Brandt se préparait à organiser d’autres enlèvements pendant les fêtes de fin d’année, a révélé le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Reginald Delva. Des documents, dit-il, dont une liste de personnalités à enlever au cours de cette fin d’année, ont été retrouvés sur les lieux de l’opération menée pour parvenir à la libération, sans rançon, de Coralie et Nicolas Moscoso. 2,5 millions de dollars auraient été exigés par les ravisseurs aux parents des deux jeunes âgés de 23 ans et de 24 ans.
Selon le secrétaire d'état, Clifford Brandt avait plan d’assassinat de plusieurs personnalités au cours des dernières semaines de décembre 2012. Dans un message enregistré, dit-il, M. Brandt avait indiqué que le réseau pourra déstabiliser le pays avec les nombreux enlèvements prévus. « Il s'était préparé à faire régner la terreur », s'est indigné Reginald Delva intervenant sur les ondes de plusieurs stations de radios de Port-au-Prince.
Dans des documents saisis au domicile de l’homme d’affaires détenu depuis lundi après-midi à la Direction centrale de la police judicaire, le nom de Reginald Delva figurait sur une liste de personnes à abattre ou enlever. « Les membres du gang avaient déjà identifié l'endroit où il devrait être abattu », s’est davantage indigné le secrétaire d’Etat qui s'était rendu sur place lors de la perquisition menée au domicile de Clifford Brandt par le commissaire du gouvernement de la capitale haïtienne.
L’arrestation de M. Brandt, un quadragénaire, et la libération des deux jeunes de la famille Moscoso sont parvenus grâce à une longue filature remontée à dimanche dernier, selon le porte-parole de la Police nationale. L’opération a été confiée à la brigade criminelle et devrait permettre un recul du phénomène du kidnapping, a poursuivi le commissaire Frantz Lerebours. Face à divers cas de rapt enregistrés ces deux dernières semaines, dit-il, les forces de l’ordre voulaient porter un coup dévastateur aux réseaux criminels.
L'avocat jongle avec les thèmes
Le dossier de Clifford Brandt, arrêté lundi après-midi du 22 octobre 2012 au siège de son entreprise à Delmas 2, est en train d’être préparé pour soumission au parquet de Port-au-Prince.
Me Calixte Delatour, avocat l’homme d’affaires, jongle entre-temps les éventuels chefs d’accusations. Le juriste qui fut ministre de la Justice sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide s’oppose à tout amalgame entre les concepts en tentant d’établir une différence entre enlèvement et kidnapping. En Haïti, un enlèvement n’est pas un kidnapping, a jugé Me Deletour.
« Mon client a eu une réaction violente dans le cadre d'un règlement de compte », a indiqué Me Calixte Delaour. L’homme de Droit, rejette les informations faisant état d’une rançon de 2,5 millions de dollars réclamé en échange de la libération des deux personnes séquestrées. Clifford Brandt a manifesté de mauvaise manière son ressentiment, a seulement concédé Me Calixte Delatour. Interrogé sur un quelconque plan ourdi par son client pour assassiner le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, M. Calixte Delatour croit qu’une enquête doit prouver l'intérêt de son client à commettre un tel crime.