FINANCES DE LA COM. Devancé par les services de l’Etat, le président de la Collectivité n’a pas bénéficié de l’effet d’annonce concernant l’octroi de 18 millions d’euros dans le cadre d’une avance remboursable sur six ans. Il s’est tout de même exprimé sur le sujet à l’occasion d’une conférence de presse vendredi dernier.
Le 17 septembre, Alain Richardson s’est entretenu pendant plus de deux heures avec le ministre des Outre-Mer Victorin Lurel sur les «urgences de Saint-Martin». A l’occasion de la conférence de presse de vendredi, le président a rappelé qu’il «n’était pas satisfait de leur rencontre en juillet. Mais depuis, ses services ont pris le temps d’étudier la question. Il était très bien informé des problèmes et a été très réceptif lors de notre dernière rencontre.» En effet c’était alors, ce que l’on pouvait qualifier d’une «opération de la dernière chance» car Alain Richardson l’avoue : «notre trésorerie s’élevait à 100 000 € et il n’était même pas possible de couvrir les frais de septembre.» Dorénavant, le président peut souffler un peu car «la somme a été transférée sur notre compte.» Il explique : «nous avons mis en place des mesures pour réduire les dépenses. Nous travaillons sur les taxes. Mais il est essentiel de recevoir une dotation de compensation pour les transferts de compétences. C’est très important, c’est environ 5 millions d’euros et c’est un des moyens de se sortir du problème. Il faut que l’état reconnaisse que Saint-Martin n’a pas été suffisamment compensé.» Il en impute la faute à ses prédécesseurs.
45 millions d’euros de dettes
En effet l’actuel président de la Collectivité, alors qu’il était encore élu de l’opposition en juin 2011, s’exprimait ainsi : «La situation de notre collectivité pourrait être résumée ainsi de préoccupation à inquiétude devenant crainte. Une crainte qui devrait devenir moteur de l’action. Action que l’on ne voit pas. En effet le déclin de notre économie ne s’accompagne pas d’une politique adaptée, de mesures voire même de prémisses de solutions venant de la majorité. Inquiétudes qui viennent également sur le fonctionnement de votre majorité. Des titres de vice-présidents sont portés, mais certains de ces vice-présidents sont aux abonnés absents. On voit beaucoup de gesticulations, mais en terme de projets pour sortir notre territoire du marasme, il n’y en a plus, il n’y en a pas.» Lors de la conférence de presse de vendredi, Alain Richardson a confirmé que les dettes s’élevaient à «près de 45 millions d’euros.» Il s’est gentiment amusé lorsqu’un journaliste, un peu plus naïf que les autres, lui a demandé ce qu’il comptait mener comme projets avec les 18 millions. «Vous voyez, lorsque vous recevez votre salaire, et qu’en début de mois, il sert intégralement à payer vos dettes et charges courantes ? Et bien voilà, c’est pareil !»
L’importance du prêt AFD
Le président de la Collectivité compte sur le prêt de l’Agence Française de Développement (AFD) qui devrait «très probablement» être débloqué en novembre pour réaliser «des travaux routier, de réhabilitation des infrastructures sportives et la réparation de bâtiments publics» A cet égard des inspecteurs de l’audit sont de retour cette semaine afin d’entériner le rapport et d’éventuellement le réactualiser. C’est ce prêt d’un montant de 20 millions d’euros remboursable sur 15 ans qui permettra véritablement à la COM de relâcher la pression et de sortir du gouffre financier dans lequel elle s’est logée. Ses services ont d’ailleurs commencé un travail d’arrache pied avec les représentants de l’Etat depuis vendredi 21 septembre, date de leur première réunion post octroi des 18 millions. «Nous avons un budget à établir. Nous avons à créer une ligne de trésorerie nouvelle. Nous devons travailler sur le prêt AFD car il est soumis à des conditions afin de pouvoir signer le protocole. Nous devons prendre des engagements vis à vis de Bercy. Evaluer un meilleur rendement de l’impôt, travailler sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement. Tout ça, ce sont des pistes.» explique Philippe Chopin, le Préfet de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Il poursuit : «nous voulons redonner confiance. C’est un signe fort que le gouvernement envoie au président Richardson afin de repartir sur de bonnes bases et de dire aux créanciers que ça revenir. C’est un effort sans précédent dans une période difficile et je souhaite souligner l’implication totale de Victorin Lurel sur le projet.»