Violences sexuelles: des victimes brisent le mur du silence.

Suite de notre série de témoignages recueillis auprès de femmes, victimes de violences sexuelles.
Elles se sont confiées à l’Union des Femmes de la Martinique. Voici quelques extraits. »Je m’appelle Lucile. J’ai quitté le père de mes enfants parce-qu’il était jaloux.
Sa façon de se rassurer sur ma fidélité était de m’obliger à avoir des rapports sexuels avec lui tout le temps. Le soir quand j’arrivais, il vérifiait ma culotte pour voir si elle n’est pas mouillée, en me disant que j’ai eu envie d’autres hommes pendant la journée.
Je l’ai quitté, mais il me suit partout et me harcèle, m’injurie devant tout le monde à tout moment et me traite de pute, en criant bien fort tout ce que je suis censée aimer faire au lit. Il me fait des queues de poisson en voiture, et se met pare-choc contre pare-choc quand il n’y a personne. Il a mis de la colle dans les serrures de la maison. Il a demandé aux enfants si j’ai des amants. Lorsque la dernière lui a dit qu’il n’y avait personne, il l’a traitée de menteuse. »

« Je m’appelle Elsa. Cela fait 20 ans que je souffre, je ne peux plus supporter mon compagnon. Il est brutal lors de nos rapports sexuels et me fait mal par plaisir. Il me dit que je suis moche et difforme alors que ce n’est pas vrai. Il veut me faire regarder des films pornos mais cela ne me plait pas. Il a de bons revenus mais ne me donne rien pour la maison. Je suis surendettée parce-que c’est moi qui paie tout dans la maison. Devant ses copains il m’injurie, et ceux-ci sont conscients que je souffre. Il a accaparé le salon et monopolise la télé avec des émissions en anglais que je ne comprends pas. Il me bat régulièrement, et est arrivé à m’empêcher d’aller travailler, en m’empêchant de sortir avec sa voiture. Il jette tous ses détritus dans la cuisine sur le sol et je dois passer après rammasser.
J’ai accepté tout cela parce que j’avais peur. J’ai fini par venir à l’UFM, après avoir écouté plusieurs émissions qui m’ont donné le courage. »

« Moi c’est Corinne. Je suis secrétaire dans la fonction publique. Je dois transmettre des courriers. J’ai un collègue qui n’arrête pas de me faire des remarques sexuelles.
Un jour que je déposais un courrier dans son bureau, il a regardé dans mon décolleté en me disant qu’il aimerait bien y toucher. Il m’a tiré la main et m’a demandé un baiser.
Comme j’avais peur, il m’a dit « personne ne saura rien ».
Une semaine après, il a recommencé, et il insistait lourdement malgré mes refus.
Après cela, il est devenu tatillon, a trouvé mon travail mauvais. Je l’ai entendu dire à une collègue que je dois avoir des problèmes. Mes collègues ne me croyaient pas.
Je choisissais mes vêtements pour ne pas être traitée de provocante: robes longues, manches longues…
Un jour j’avais une robe et je lui ai porté du courrier. Quand je suis entrée dans son bureau, il a mis la main sous ma robe. J’ai été sauvée par une collègue qui passait. C’est à ce moment-là qu’elle m’a cru et m’a offert de m’aider. Nous avons décidé d’en parler au chef supérieur. Je me sens plus forte. »

« Je m’appelle Sophie, j’ai 14 ans. Je participais pour la première fois à une activité nautique dans un club. Je me suis retrouvée seule avec le moniteur, un homme de 35-40 ans. Les quatre autres membres du groupe s’étaient éclipsés par couple, sur une petite plage déserte. Il m’a touchée, a tenté de me violer, mais j’ai réussi à m’opposer à lui…
Je suis incapable d’expliquer à ma famille pourquoi je ne veux plus participer à l’activité. »

« Je m’appelle Madeleine. Mon mari a 81 ans. Sa petite-fille vivait en France. Sous prétexte de correspondance, il lui envoyait des mails tendancieux, sexuels, qui n’avaient rien à voir avec l’amour d’un grand-père.
Elle a révélé tout cela et j’ai découvert ces mails. J’ai appris qu’une petite nièce avait été aussi sa victime.
Il voulait que je fasse comme un petite fille lors de nos rapports. Cela ne me plaisait pas mais je le faisais parce-qu’il insistait.
J’ai une fille dépressive et maintenant je me demande s’il ne l’a pas touchée. Je l’ai quitté. C’en était assez! ».