Poisson lion : toujours une menace

Pas de répit sur le front du poisson lion ! Cette rascasse volante a fait son apparition dans les eaux territoriales de Saint-Martin et Sint Maarten au cours de l’été dernier. Il s’agit d’une espèce invasive chez nous, dans la mesure où il n’existe aucun prédateur dans nos eaux, pour ce poisson, venu originellement du Pacifique. Le poisson lion aurait été introduit dans les eaux de la Caraïbe après le déversement d’un aquarium de Floride, lors du passage du cyclone Andrew, en 1992. A l’époque, six individus avaient été expédiés dans la mer. Vingt ans plus tard, le poisson lion a pris ses aises. Au nord de l’arc antillais, particulièrement, il est extrêmement présent. Et tous les moyens sont bons pour inciter la population à les capturer. A Turk et Caïcos par exemple des concours de pêche au poisson lion sont lancés. Aux Bahamas, des chefs cuisiniers de renom ont été invités à traiter le poisson lion dans l’assiette, puisqu’il s’agit d’une rascasse dont la chair est prisée. Chez nous, pas question pour l’instant d’inciter à la consommation du poisson lion tant que l’on ignore si la ciguatera (une toxine dangereuse à la consommation humaine) a atteint l’espèce. Des spécimens capturés par la Réserve Naturelle sont en cours d’analyse à ce sujet, et l’on saura d’ici quelques temps si la bouillabaisse saint-martinoise pourra devenir le plat du jour de nos restaurants préférés !
En attendant, le comptage systématique des poissons lions continue et la population est incitée à les capturer grâce à des kits spéciaux, mais le personnel de la Réserve ne peut, lui, intervenir, pour des raisons administratives, que dans les limites mêmes de la Réserve. « Nous avons sollicité sur la problématique du poisson lion, les pêcheurs professionnels et les clubs de plongée car ce sont eux en priorité qui sont amenés à rencontrer ces poissons » expliquait Romain Renoux, le conservateur de la Réserve naturelle. Un réseau caribéen de surveillance de ce poisson lion a été mis en place au cours de l’année 2010, car il s’agit bien d’une invasion qui touche progressivement, tout l’arc antillais du Nord, le plus atteint aujourd’hui, jusqu’au sud.

GURRIERI