A l’occasion de sa visite dans notre département, nous nous sommes entretenus avec François Soulage, Président du Secours Catholique. Optimiste sur la sortie de la pauvreté pour la population française de l’hexagone, François Soulage l’est beaucoup moins concernant la Guadeloupe. « La situation sociale de la Guadeloupe est explosive » affirme-t-il avec désolation. « On imagine mal que des gens arrivent à se contenter d’un niveau de vie assez indigne » poursuit-il. « Scandalisé » par les chiffres du chômage ou encore de l’illettrisme, il n’hésite pas à tacler les responsables politiques. « Ce qui se passe ici est anormal, la métropole doit prendre ses responsabilités ». Et lorsqu’on lui demande si la faute reviendrait à l’Etat, il répond avec une franchise stupéfiante : « Je pense, et j’essai de ne pas être trop brutal, que les politiques ici ne jouent pas bien leur rôle. Mais ceci doit bien arranger l’Etat qui y trouve un intérêt économique, en transformant la Guadeloupe en zone d’importation». Pour ce militant, « tout le monde y trouve son compte : la population qui se contente, les politiques, et l’Etat qui achète à moindre coût la paix sociale ». Il indique que cette « paix sociale » ne serait possible que grâce à notre environnement qui permet de mieux vivre avec les minima sociaux, contrairement à l’Hexagone. L’apport du secours catholique est avant tout pour son président un rôle de « subsidiarité ». « Nous essayons de faire en sorte que les plus éloignés, appelés en voie de désocialisation, réintègre les dispositifs publics »>. explique-t-il. Un travail qui serait de plus longue haleine sur notre archipel ? Il tenait à se rendre compte « par moi-même de la situation ».