Mardi, un vaste incendie, parti de la décharge, a dévasté la végétation de la montagne de Red Rock, dévalant le versant vers les premières habitations de Cul-de-Sac. Un événement spectaculaire qui pose la question de la coordination des autorités pour faire face à ce type de situation récurrente dans le secteur. En fin de matinée en effet, le front de l’incendie dévalait le versant et se dirigeait vers les habitations d’Horizon Pinel à grand pas. Et ce n’est pas la présence de quelques pompiers très légèrement équipés qui rassurait les riverains. Les soldats du feu ahanaient sur la pente pour amener leur lance à portée du foyer dans une tentative dérisoire de ralentir la progression du feu qui s’étendait sur toute la largeur de la montagne. Leur objectif était en réalité plus circonscrit, la protection d’une maison non occupée, récemment construite, directement menacée par l’incendie. Interrogés sur place, les sapeurs fatigués confirmaient que leur rôle était la protection des habitations, pas la maîtrise totale du brasier. Commencé dans la nuit, celui-ci avait de toute façon déjà brûlé la presque totalité de la végétation de la montagne, ne s’arrêtant qu’à la faveur de la route déjà tracée d’un futur lotissement.
Si les stigmates de l’incendie sont surtout visibles côté Cul-de-Sac, c’est pourtant sur l’autre versant que tout est parti au coeur de la nuit de lundi à mardi vers 1 h du matin. Et l’origine semble bien être l’écosite de Cul-de-Sac, la décharge qui occupe ici le fond de vallon. Par nature, l’accumulation d’ordures sur de grandes épaisseurs – ici plusieurs mètres – provoque des réactions chimiques et la température à l’intérieur du tas constitué y est en permanence élevée (jusqu’à 80°C). Cependant, le manque d’oxygène empêche les départs de feu. Paradoxalement, les pluies peuvent y faire office d’étincelle. En s’infiltrant dans les interstices du tas d’ordures, l’eau apporte cet oxygène manquant et les conditions sont réunies pour l’embrasement. Les pluies de la nuit de lundi à mardi ont semble-t-il joué ce rôle déclencheur. L’équipe du site, prévenue par son veilleur de nuit, est alors intervenue pour appliquer une procédure mainte fois rodée. Elle consiste à recouvrir de terre, à l’aide d’une pelle mécanique, la partie en flamme. La surface du tas d’ordures est d’ailleurs organisée en parcelles, des «casiers» de plusieurs mètres de côté délimités par des rebords de terre, qui permettent de circonscrire un éventuel départ de feu. Selon du personnel présent sur place, les pompiers ont aussitôt été alertés afin de prévenir la propagation à la zone naturelle contiguë, qui n’est pas du ressort de l’exploitant de l’écosite. Toujours selon la même source, le feu sur la décharge était maîtrisé à l’arrivée des pompiers, mais il avait déjà pris sur le versant. Inaccessible à des moyens d’intervention terrestres, l’incendie a ensuite gagné la ligne de crête avant de basculer sur le versant Cul-de-Sac où les riverains l’on découvert à leur réveil.
Pour ne pas à avoir à intervenir dans ces conditions difficiles, voire impossibles, l’idéal serait sans doute de réfléchir à un véritable plan de prévention et de coordination, notamment au niveau de la décharge à cause de la nature intrinsèquement inflammable du stockage d’ordures. Peut-être serait-il nécessaire de prévoir un équipement de lutte contre les incendies à demeure. Et s’il semble bien qu’un tuyau ait été mis préventivement en place dans ce but il y a quelques années, la pompe destinée à l’alimenter en puisant dans l’eau de mer aurait depuis disparu… Pour Romain Renoux, directeur de la Réserve Naturelle, dont une partie jouxte la décharge, au delà de la destruction temporaire d’un habitat naturel protégé, ce nouvel incident doit surtout interpeller sur la question de la gestion de la sécurité civile dans la zone. Et dans un contexte d’urbanisation qui s’étend – la zone du futur lotissement au dessus d’Horizon Pinel a été parcourue par l’incendie –, cette problématique pourrait devenir un enjeu majeur. Il serait donc bon que les autorités s’en emparent et proposent des solutions qui permettent d’éviter un phénomène potentiellement destructeur pour les biens et les personnes.