« Former des jeunes de haut niveau et les conserver au niveau local est l’objectif souhaité » affirmait hier Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, lors de sa visite au lycée hôtelier du Gosier.Un souhait qui n’est toutefois pas partagé par tous, notamment pour une majorité des étudiants qui aspirent à travailler dans ce secteur. La « métropole est un marché plus porteur » selon un étudiant en seconde année de bac pro restauration. Pourtant le tourisme en Guadeloupe possède indéniablement un fort potentiel. L’Etat a d’ailleurs souligné sa volonté d’en faire « un axe majeur du développement endogène de l’archipel ». Qu’est ce qui ferait donc fuir notre jeunesse ? Pour Irma Piquion, professeur de cuisine, ce serait le manque d’implication des professionnels du tourisme. Elle évoque un refus des directeurs des établissements hôteliers d’ouvrir leurs portes aux étudiants pour l’apprentissage, voire l’embauche. « Ils avouent embaucher du personnel plutôt à l’étranger » nous confie une étudiante. Pourtant, l’établissement, seule structure de ce type dans notre département, dispense une formation de qualité selon les enseignants. En effet, homologuée à l’échelle nationale, elle permet chaque année de former près de 5000 étudiants dans des conditions optimums (restaurant-bar, chambres témoin, laboratoire…) qui à l’issue de leur cursus sont prêts à affronter le monde du travail. Du barman à la femme de chambre en passant par le réceptionniste jusqu’au directeur d’hôtel, tous les postes de la branche hôtellerie et restauration sont étudiés au sein du lycée. Cependant, un autre frein entrainerait la fuite de ces professionnels formés sur place : le manque d’entrain à travailler en Guadeloupe. Déterminée à travailler en métropole, Johanna, n’hésite pas à vanter les mérites de la qualité de service de l’établissement où elle était récemment en stage : « Toute l’équipe est habillée en Hugo Boss, c’est la classe, rien à voir avec le service proposé ici, la vaisselle est nickel et mon maître de stage était très pointilleux » poursuit-elle, encore émerveillée par cette expérience. Même son de cloche, chez un de ses camarades : « On a le goût mais pas la qualité, j’envisage sérieusement de m’enrichir ailleurs qu’ici ». Perçu comme l’eldorado, l’hexagone semble gagner le coeur de notre jeunesse. La question se pose alors de la révision de la politique d’embauche dans l’industrie hôtelière, et de notre vision du tourisme pour éviter un Bumidom touristique.