Peau de banane pour les producteurs

L’annonce faite hier par le Parlement Européen de réduire les droits de douane sur la banane d’Amérique Latine pourrait toucher la production Guadeloupéenne.De 176 euros par tonne, la taxe passera à 114 euros d’ici 2017 pour la Colombie et le Pérou dont l’aide pourrait être plus importante.

Une décision qui exacerbe la concurrence et inquiète d’ores et déjà les producteurs locaux.

«C’est un grand sentiment de déception», explique Guy Adolphe, producteur de bananes à la SCA La Digue à Capesterre-Belle-Eau et vice-président du Groupement des producteurs de Guadeloupe. «Nous nous sommes beaucoup battus pour limiter cette baisse qui aura de graves conséquences sur le prix que nous pourrions avoir de notre banane.»

Face à des pays où la main d’oeuvre est bon marché, les défis sont multiples pour la banane Guadeloupéenne. Car avec des charges difficilement compressibles en Guadeloupe, où le droit du travail est respecté, cette décision de l’Europe devrait amener de nouvelles directives pour conserver la compétitivité de la banane antillaise.

Parmi elles, une communication sur la qualité du produit et des opérations marketing afin de justifier le produit.
Néanmoins, comme l’explique Guy Adolphe, une aide de l’Europe pour compenser ce manque à gagner devra être nécessaire.

Un combat que les Guadeloupéens ne sont pas prêts de laisser tomber surtout que les efforts fournis afin de maintenir l’activité portent leurs fruits :
«En 2003 il y avait 1 000 producteurs en Guadeloupe et 5000 hectares de bananes. En 2005 il n’y en avait plus que 200 pour 1500 hectares et 1300 hectares en 2007. Depuis cette date nous avons endigué la baisse des producteurs pour aujourd’hui commencer à en avoir de nouveaux avec notamment des jeunes qui prennent la relève.»

Autant dire que dans cette guerre de la banane que certains estiment terminée avec l’ouverture facilitée des pays d’Amérique Latine en Europe, les producteurs guadeloupéens débutent une nouvelle bataille.