Depuis quelques semaines, une adresse se passe de mains en mains, de bouche à oreille. Un site internet propose des témoignages sur une page de notre histoire. L’esclavage raconté par des descendants d’esclaves.
Fils d’un journaliste,
Serge Bile a décidé de suivre la même voie que son père depuis son plus jeune age. Fondateur de l’association Akwaba, qui promeut les échanges culturels entre l’Afrique et les Antilles, il est également réalisateur de documentaires, tels que Les boni de Guyane ou Noirs dans les camps nazis. Journaliste engagé, Serge Bile met en avant la culture et l’histoire noire. Mais il rencontre chaque fois les plus grandes difficultés à trouver des diffuseurs pour ses documentaires.
Cette fois il a décidé d’aller au plus simple : l’Internet. Parrain de l’édition 2007 de la fête de l’Internet en Martinique,
Serge BILE a l’idée de donner la parole aux anciens, pour fixer leur mémoire. Le site regroupe donc des témoignages « d’anciens », tous petits enfants ou arrières petits enfants d’esclaves. Ils racontent l’histoire de
l’esclavage à travers leur histoire familiale. Contrairement à toutes les démarches déjà faites pour parler d’esclavage,
paroles d’esclavage s’intéresse à l’angle familial. «Qu’est-ce qui m’a été raconté dans ma famille ? ». Ça pourrait bien être la question à laquelle ont répondu les personnes rencontrées. Septuagénaires, octogénaires, nonagénaires ou centenaires, ils ont tous accepté de participer. Certains n’avaient jamais entendu parlé de
l’esclavage dans leur famille, d’autres ne se souvenaient pas de ce qui leur avait été raconté. Serge BILE, accompagné de Daniel Sainte-Rose et sa caméra ont parcouru la Martinique pour recueillir des témoignages uniques, sur cette page de notre histoire, et depuis le 1er avril les entretiens s’enchaînent au rythme de 3 à 4 par jour. Des
paroles d’esclavage filmées, pour que nos grands parents ou arrières grands-parents puissent nous transmettre leurs connaissances, mais surtout qu’on ne les oublies pas, qu’on n’oublie pas cette page de notre histoire.
Serge Bile espère bien pouvoir étendre ses entretiens à la Guadeloupe, le Guyane et la Réunion.
Paroles d’esclavage devrait par la même devenir la plus grande plateforme audiovisuelle sur
l’esclavage.
Dans les prochains jours, le premier film sur l’esclavage sera mis en ligne sur le site. Il avait été réalisé dans les années 40 en Martinique, par un martiniquais.
Paroles d’esclavage c’est une moyenne de 500 visiteurs par jour, avec un pic de connexions de 5000 visiteurs le 10 mai dernier, date nationale de la journée de commémoration de
l’esclavage.