Des douaniers en formation à l’Ecole nationale d’administration financière
A force de subir les attaques de contrebandiers armés dans les zones frontalières, les douaniers et fiscalistes engagés dans la lutte anti-contrebande seront bientôt mieux armés. En attendant, ils profitent de l'expérience d'experts américains.
Le département d'État américain et le CBP (Service de douanes et protection des frontières, en anglais) ont convenu de dépêcher deux experts, en Haïti, pour renforcer la capacité opérationnelle des brigades-mixtes anti-contrebande. "Quand deux pays tissent des liens commerciaux, les faiblesses de l'un peuvent avoir des incidences négatives dans les contrôles douaniers de l'autre, explique Hector Arredondo, l'un des formateurs du CBP. Un meilleur contrôle de sécurité peut augmenter les opportunités commerciales."
C'est l'une des raisons majeures qui justifie la présence de M. Arredondo et de Mme René Castillo, depuis une semaine, à Port-au-Prince. Ces experts américains animent une session de formation à l'attention d'une soixantaine de douaniers et de fiscalistes.
Former des formateurs expérimentés
La formation ne se limite pas à la seule salle de cours de l'École nationale d'administration financière (ENAF), une structure du ministère haïtien de l'Économie et des Finances à Tabarre. Les experts accompagnent aussi sur le terrain les douaniers et fiscalistes, maillons importants dans la lutte anti-contrebande en Haïti.
"Une formation davantage approfondie sera offerte à certains des douaniers et fiscalistes capables de transmettre leurs savoirs à des recrues, a fait savoir Antoine Atouriste, directeur de l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC). En somme, former des formateurs… Cela nous permettra d'avoir des agents aussi expérimentés que ceux des États-Unis tant au niveau du comportement que de l'expertise."
Des équipements adaptés
Du matériel de sécurité, dont armes et minutions, gilets par balle et le kit du douanier offert par le département d’Etat, sera bientôt distribué aux brigadiers essuyant parfois des coups de feu de passeurs armés dans les zones frontalières. " Pour les protéger, nous serons bien obligés de les équiper ", a indiqué M. Atouriste, en marge de la clôture de la première phase du séminaire de formation.
"Dans la nuit du 8 au 9 décembre dernier, des bandits passeurs tirant des coups de feu ont franchi par effraction le point d'entrée de la douane de Belladère, avec plusieurs camions de marchandises qui auraient été garés, la veille, sur le territoire dominicain", a rapporté le coordonnateur d'une brigade mixte dans un rapport à l'Administration générale des douanes (AGD).
Belladère est considéré comme l'un des points névralgiques de la contrebande, dit le directeur de l'ULCC. Selon ce dernier, l'Etat haïtien collecte mensuellement environ 40 millions de gourdes à ce seul poste. "Si on pouvait effectuer un contrôle vraiment efficace, cela pourrait rapporter quatre fois plus ! "