« Doudous sur la plage » : mieux prendre en compte leur activité


Les touristes de la Baie orientale sont nombreux à se faire masser par les "doudous", qui ne sont pas toujours en règle, manque d’hygiène et de formation en prime…


Mercredi dernier, vingt fonctionnaires de la police aux frontières effectuaient un contrôle des marchandes ambulantes sur la plage, dont certaines ne sont pas en règle. Outre l'expulsion de celles prises en flagrant délit d'infraction, cette opération devrait amener les autorités à mieux considérer leur présence en leur dédiant, éventuellement, un espace spécifique.

Cinq paquebots, dont l’Oasis of the Sea (le plus gros navire au monde), à quai à Philisburg. Une aubaine pour le commerce de l’île et notamment pour les "doudous" de la Baie orientale. Mercredi dernier, près d’un millier de touristes était ainsi sur l’une des plus belles plages de l'île, à la recherche d’exotisme, comme se faire masser face à la mer, se faire faire des tresses ou acheter un sac aux couleurs de l’île.

Si certaines marchandes respectent le touriste et ne l’importunent pas, d’autres sont plus agressives. D’où de nombreuses plaintes de la part des restaurateurs et touristes. C’est pour cette raison que la police aux frontières (PAF) organise régulièrement des opérations.

Des contrôles de police réguliers

« Nous faisons des patrouilles chaque semaine et des opérations de contrôle », précise le commandant Raphaël Harlé. Et mercredi dernier, c'est une importante opération de contrôle que vingt fonctionnaires ont effectuée en fin de matinée. « Ils étaient en civil et en tenue et postés aux deux extrémités de la plage. Progressivement, ils avançaient pour se rencontrer », explique le commandant.

En une heure, vingt et une marchandes ont été contrôlées. « Quatre étaient en situation irrégulière et originaires de la Jamaïque et d'Haïti. Trois d'entre elles ont reçu ordre de quitter le territoire français et la quatrième a fait l'objet d'une convocation en préfecture, afin d'être régularisée », détaille Raphaël Harlé.

Car contrairement à ce que beaucoup supposent, toutes ces marchandes ne sont pas en situation irrégulière. « En effet, six femmes avaient des autorisations de séjour en cours de validité, ainsi qu'une autorisation de vendre sur la plage », souligne le commandant. Par contre, dix n'avaient pas l'autorisation de la COM. Elles ont donc reçu ordre de quitter la plage.

Si cette opération est pleinement satisfaisante sur le plan de son déroulement et de son résultat, son bilan demeure nuancé par la PAF.

Une meilleure transparence des prix

En effet, « il s'agit d'un problème récurrent sur la Baie orientale », commente Raphaël Harlé considérant qu'il devrait être mieux pris en compte par les autorités. La présence des "doudous" (en situation régulière et autorisée par la COM) n'est pas remise en question, car elles participent à la vie de la plage.

Par contre, leur manière de vendre et leurs prestations doivent être corrigées. D'une part, celles qui proposent les tresses devraient faire preuve de transparence dans la composition de leurs prix. Au touriste, elles annoncent 100 dollars la tresse : seulement il pense que tresse signifie prestation. Or il s'agit bien de 100 dollars la tresse ! « Le touriste qui se fait faire sept ou huit tresses se retrouvent à devoir payer 700 ou 800 dollars ! Ce qui génère la plupart du temps des conflits », rapporte le commandant Harlé.

Il souligne d'autre part le manque d'hygiène et de compétences des masseuses : peu se lavent et désinfectent leurs mains entre deux clients, comme le veut la réglementation en matière d'hygiène, et peu sont qualifiées pour masser. « Elles peuvent déplacer quelque chose à un client ; d'ailleurs, c'est arrivé une fois à un américain et il a fallu venir le chercher en annexe ! », raconte le commandant.

Aussi suggère-t-il que toutes les marchandes soient rassemblées au même endroit, sur la plage. Que des petits stands leur soient installés. Les touristes désireux d'acheter des souvenirs pourraient ainsi venir. Et les autres souhaitant profiter pleinement et tranquillement des bains de soleil, ne seraient plus dérangés.

Estelle GASNET