Le débat entre les présidents des quatre grands DOM.
Pour des centaines d’étudiants Antillais et des autres régions d’Outre-Mer poursuivant leur cursus en Île-de-France, la “Journée Outre-Mer Développement”, au-delà de son rôle de réflexion et de débats, constitue une véritable aubaine, le lieu idéal pour décrocher un emploi ou un stage au pays… Elle avait lieu, cette année, le 13 avril à Paris…
Côté pile, en séance plénière ou dans des ateliers, on y vient chaque année parler du développement économique, social et environnemental des Outre-mers. Ce fut le cas le 13 avril au Pavillon Gabriel, sur les Champs Élysées, entre les quatre présidents des régions Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, tandis que des parlementaires, des hauts fonctionnaires Européens, des économistes, des historiens, des sociologues, des responsables de Pôle Emploi et de l’IEDOM et, surtout, la fine fleur des entreprises des DOM débattaient sur d’autres thèmes comme la coopération régionale, le financement des entreprises outre-mer, les énergies nouvelles, l’utilité des réseaux sociaux, la loi contre la vie chère, ou encore le rôle et la place dans nos départements des grandes entreprises françaises…
Un fort potentiel de matière grise
Côté face, des l’ouverture à 8h30 et durant onze heures d’horloge, tous les étudiants originaires d’Outre-mer présents à Paris, et pour lesquels l’entrée de la manifestation était gratuite, ont pu rencontrer, dans deux espaces dédiés, des dirigeants d’entreprises implantées Outre-mer. Une opportunité pour les deux parties.
En période de révision, de partiels, ou de rédaction d’un mémoire, un étudiant n’a ni le loisir ni, la plupart du temps, les moyens financiers de se rendre en Guadeloupe ou en Martinique afin d’y négocier un rendez-vous avec un employeur…
De leur côté, les entrepreneurs peinent à entrer en contact avec ce potentiel de matière grise, cette ardente jeunesse, qui tend à se diluer dans l’hexagone ou à l’étranger. « Cette journée, insiste Marwane Bejgane, Vice-Président de la JOMD, est un important pôle de recrutement ; et nous avons besoin de recruter de jeunes ultra-marins afin qu’ils viennent rééquilibrer la pyramide des âges, qu’ils deviennent des cadres de haut niveau dans leur société de naissance ».
Partenaire de la JOMD depuis son lancement et Directeur Général de GBH, dont on connaît le poids aux Antilles-Guyane aussi bien qu’à La Réunion, Stéphane Hayot confirme l’utilité de ces rencontres. « Chaque année, dit-il, nous avons ainsi pu recruter, grâce à la JOMD, plusieurs cadres originaires des DOM ».
Des jeunes Antillais très motivés
Sur un autre stand, le groupe Ho Hio Hen avait affiché la liste des emplois à pourvoir. Et au côté des entrepreneurs régionaux, des multinationales françaises et étrangères recrutaient également, comme le français Vinci ou l’américain General Electric dont la filiale financière, GE Money Bank est le numéro Un du financement aux particuliers dans les DOM avec aux Antilles la Soguafi et la Somafi.
Nathalie Huron, de GE Money Bank, témoigne : « Nous avons accueilli sur notre stand plus d’une cinquantaine de bons profils, des jeunes ultramarins venus à Paris poursuivre des études supérieures et ayant déjà une première expérience professionnelle dans une grande entreprise ; ces jeunes sont très motivés, ils ont très envie de rentrer travailler au pays et, pour nous, ce sont de très bons candidats… ».
À toute chose, dit-on, malheur est bon. De fait, la création de la JOMD est directement issue de la prise de conscience suscitée par la crise sociale et sociétale du premier trimestre 2009. Organisée d’abord durant la période des grandes vacances scolaires, elle a été ramenée, à compter de cette année, au mois d’Avril, période plus favorable aux étudiants pour la recherche d’un emploi ou d’un stage…
Fondateur et Président de la JOMD, le chef d’entreprise Martiniquais Cyril Comte persiste à dire que « le déclin économique de la France d’Outre-Mer n’est pas une fatalité. Mais, ajoute-t-il, il ne pourra rien émerger sans l’énergie créatrice des entrepreneurs, associée à la détermination des politiques de faire de l’économie et de l’emploi leur grande priorité. Et de rappeler que c’est l’objectif de la JOMD de créer ces débats, de susciter des rencontres, de participer à la solidarité naturelle entre les ultra-marins d’ici et de là-bas, pour finalement contribuer à une ambition partagée des acteurs politiques, économiques et sociaux, pour que nos Outre-mers soient en mesure d’attirer les talents, les touristes et les investisseurs »…
Lurel chez les manchots
Et si, durant le débat face au public entre les Présidents des régions Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, les différences entre les statuts de chacun ont été évoquées, Josette Borel-Lincertin, Présidente de la région Guadeloupe, a tenu à réaffirmer que « nous avons en main notre destin malgré notre statut ; nous avons la possibilité de faire des propositions à l’État ».
À condition de hausser le ton, devait renchérir le Président UMP de la région Réunion, Didier Robert : « Dans chacun de nos territoires, nous avons le potentiel nécessaire pour réussir ; mais peut-être faut-il que nous poussions fortement et bruyamment certaines portes pour que nous soyons entendus et compris ». En donnant de la voix, Didier Robert espérait-il être entendu de l’autre côté de la rue, c’est-à-dire au Palais de l’Élysée voisin du pavillon Gabriel où se tenait la JOMD ?
À tout le moins aurait-il pu être entendu par le Ministre des Outre-Mers, annoncé depuis des mois comme devant conclure cette journée… Las, une modification de dernière minute de son agenda a contraint Victorin Lurel à s’envoler vers la Réunion, escale obligatoire vers sa destination réelle : les TAAF, Terres Australes et Antarctiques Françaises, haut lieu de la recherche scientifique et terre d’élection des manchots et des phoques crabiers…
Là, au moins, le ministre ne risquait pas de prendre un coup de chaud avec le scandale, évoqué dans un des ateliers de la JOMD, du retrait d’EDF du projet de géothermie associant la Dominique, la Guadeloupe et la Martinique…