L’Autorité de la concurrence doit se prononcer dans quelques semaines sur la vente de Quartier Français à La Martiniquaise.Mais les négociations vont déjà bon train entre l’industriel basé en métropole et le groupe Isautier pour que ce dernier récupère de Rhum Charrette via un mandat de gestion. Une hypothèse qui permettrait à Isautier de contrôler la commercialisation locale du « rhum péi » le plus vendu.
Les négociations semblent avancer en coulisses entre la Martiniquaise et le groupe Isautier, en attendant que l’Autorité de la concurrence se prononce sur le rachat du pôle spiritueux de Quartier Français par le numéro deux français des alcools, la Martiniquaise, filiale de la Cofepp.
Une décision qui devrait intervenir dans les prochaines semaines. La société avait été retenue par Tereos en début d’année pour la reprise du pôle spiritueux de Quartier Français, ce dernier souhaitant surtout se recentrer sur les activités sucrières.
Problème : la Cofepp, deuxième groupe de spiritueux français, possède les marques Old Nick (19,5% de parts de marché sur le segment grande distribution), Dillon (14,6% de parts de marché), Saint-James et Négrita entre autres. La Martiniquaise a réalisé plus de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, dont 350 millions sur le circuit grande distribution (derrière le groupe Pernod Ricard). Quartier Français Spiritueux, de son côté détient les rhums La Mauny (5,9% de parts de marché), Trois Rivières (3% de parts de marché), Duquesne, Charrette, Rivière du Mât, Savanna et New Grove (distillé à Maurice).
L’Autorité de la concurrence, suspectant le risque d’une position dominante, a donc entamé une enquête approfondie début juillet pour « déterminer si l’opération est de nature à porter atteinte à la concurrence dans le secteur du rhum et dans le secteur de la fourniture de divers spiritueux à la grande distribution pour revente sous marque de distributeurs et marques premier prix ».
Dans l’hypothèse où la vente serait validée par l’Autorité de la concurrence, La Martiniquaise pourrait confier un mandat de gestion au groupe Isautier concernant le rhum Charrette.
Objet de toutes les convoitises, le rhum réunionnais est en forte progression au niveau national avec un million de bouteilles écoulées. En d’autres termes, la commercialisation de la marque à la Réunion passerait sous le contrôle du groupe Isautier tandis que La Martiniquaise garderait la main sur la commercialisation en métropole et plus largement en Europe.
Il se murmure aussi que la Martiniquaise ne souhaiterait garder qu’une seule distillerie et qu’elle laisserait Isautier gérer les deux autres. Dans ces négociations serrées, Jérôme Isautier serait actuellement associé au Crédit Agricole et à Yves Barau, président de Région de 1978 à 1983, ancien maire de Sainte-Marie et accessoirement l’un des plus grands propriétaires terriens de la Réunion