St Kitts: Liat bat des ailes


35% des vols de la compagnie aérienne ne seraient pas rentables. Pas question pour le nouveau PDG de Liat Capitaine Ian Burton, de continuer à perdre de l'argent.

Lors de la conférence de l'Organisation du Tourisme Carïbéen à Basse Terre (St Kitts) la semaine dernière, celui-ci a été très clair sur ce point.  
La compagnie assure 112 vols intra-régionaux dans toute la Caraïbe, du nord (Puerto Rico, République Dominicaine), au sud (Guyane, Trinidad et Tobago). Liat dessert également les Etats-Unis, les Iles Vierges et les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique). Selon Ian Burton, 35% des vols intra-régionaux sont subventionnés: "C'est de la folie. Je ne connais aucune entreprise capable de survivre dans de telles circonstances".

Le PDG de Liat n'a pas manqué de souligner que sa compagnie est détenue par seulement trois des onze Etats membres du Caricom: Barbade, St Vincent et les Grenadines ainsi qu'Antigua et Barbuda. Les sept autres Etats qui bénéficient des services de Liat sont: les Iles Vierges, la République Dominicaine, Puerto Rico, Curaçao, Aruba, la Guadeloupe et la Martinique. 8 de ces marchés ne seraient pas rentables, selon Ian Burton qui s'est abstenu de mentionner lesquels.
 
Le PDG de Liat projette de solliciter une aide financière de la part de ces pays. Si aucune subvention n'est versée alors la compagnie devra suspendre certains de ses vols.

La compagnie ne peut pas se permettre de continuer à supporter les coûts des lignes déficitaires. Car celle-ci doit aussi faire face à d'autres contraintes économiques: les coûts d'exploitation élevés, les frais et les taxes sur les transports, la réglementation sévère, la sécurité, la concurrence et bien sûr, la chute constante du transport intra-régional au cours de ces 5 dernières années. A cela, il faut également ajouter le fait que la taille de ces marchés reste petite et par conséquent, limite considérablement les économies d'échelle alors que les coûts salariaux demeurent élevés.

Liat envisage de remplacer ses anciens appareils, déjà âgés d'une trentaine d'années. La compagnie souhaite redorer son blason auprès de sa clientèle et "expulser le mythe selon lequel Liat escroque ses clients". Son PDG reconnaît cependant certaines failles dans le service clientèle: retards fréquents et manque d'efficacité. Selon Ian Burton, 39% des retards observés en septembre 2012 étaient dûs à des problèmes techniques; 34% étaient causés par des grèves.

Ian Burton prévoit un tournant dans l'histoire de la compagnie aérienne. Mais selon le PDG de Liat, cela dépendra notamment des gouvernements de la Caraïbe et de leur faculté à "trouver des solutions innovantes pour augmenter le volume des passagers plutôt que d'imposer des frais et charges élevés". La balle serait désormais dans le camp des décideurs politiques.

Les difficultés de la compagnie Liat illustrent une nouvelle fois le problème récurrent du transport aérien dans la Caraïbe, fragilisé par une conjoncture économique morose.

Christine CUPIT