Que faire des chiens errants ?


Ursula Oppikofer de l’association "I Love My Island Dog", recueille chiens (et chats) dans un refuge constamment surpeuplé.

Une fourrière pas opérationnelle, un refuge surpeuplé, des vétérinaires non habilités à recueillir les animaux errants : à Saint-Martin, le problème reste entier et mérite une bonne fois pour toutes l’attention des pouvoirs publics. Etat des lieux.

A Saint-Martin, des associations ont récemment alerté la Collectivité sur l’urgence de stériliser massivement, quand des cliniques vétérinaires qui ne sont pas des refuges, font parfois face à l’incompréhension de ceux qui leur ramènent des animaux trouvés.

Outre la question de la protection animale, les chiens errants constituent un véritable problème de sécurité, de salubrité et de tranquillité publique, paradoxe d’une l’île essentiellement touristique. A qui la faute ?

Il existe certes un héritage historique, mais un facteur comportemental s’y superpose aujourd’hui : « Saint Martin est, pour beaucoup de gens, un endroit de passage. Ils restent pour une saison ou un peu plus, adoptent chiens et chats, puis repartent et les abandonnent », analyse Ursula Oppikofer de l’association "I Love My Island Dog".

Alors ,même si « la situation s’est beaucoup améliorée » de l’avis de certains visiteurs habitués de l’île, le problème reste entier. Et ne semble pas prêt de se résoudre.

Pas de fourrière, pas de solution

Le vice-président Guillaume Arnell, en charge du Pôle développement durable à la Collectivité, prend certes toute la mesure de la situation, en confirmant que « les choses ne peuvent rester en l’état ». Mais la nouvelle mandature n’ayant qu’un an, d’autres priorités ont été inscrites à l’ordre du jour, compte tenu de l’état des finances publiques.

Cela dit, « ça ne veut pas dire que ça ne pose pas de problème, je connais la problématique » poursuit l’élu. La Collectivité remplit quand même ses obligations, mais de façon ponctuelle et partielle. Un agent territorial du service environnement précise que « la société Fourrière de l’Alliance, basée en Guadeloupe, intervient à notre demande, environ tous les trois mois, pour des ramassages de chiens errants. Les chiens sont ensuite conduits sur un terrain provisoire à Grand-Case, qui fait office de fourrière ».

Quel est le devenir des animaux ? « Selon la loi, à l’issue d’un délai de sept jours ouvrés, si l’animal n’a pas été réclamé par son propriétaire et identifié avec une puce, il est considéré comme abandonné ». Il est alors confié au refuge, en l’occurrence "I Love My Island Dog". Mais quand l’état de l’animal le justifie, il est euthanasié par le vétérinaire de Concordia, mandaté par la COM. Ce dernier affirme effectuer en moyenne « une centaine d’euthanasies par an ».  

Les vétérinaires pas habilités à recueillir

Une clinique vétérinaire n’est pas une SPA, ni une fourrière, mais certaines incompréhensions persistent, des personnes pensant bien faire en amenant à la clinique un chien recueilli : « notre seul rôle est d’informer le client », précise la clinique de Hope Estate, confrontée régulièrement à ce problème, alors que « l’accueil d’un chien errant n’est pas du ressort des vétérinaires ».

Eventuellement, à l’aide d’un lecteur de puce électronique, la clinique pourra identifier l’animal : le cas échéant « nous prenons l’animal si son propriétaire est joignable et disposé à le récupérer dans la journée ». Contactées, les cliniques de Cul-de-Sac et de Concordia tiennent le même discours que leurs confrères.

Un refuge débordé

Reste l’association "I Love My Island Dog". Mais « le refuge accueille déjà une trentaine de chiens en ce moment, c’est beaucoup trop, on est constamment en surnombre », déplore Ursula Oppikofer, qui ne compte ni son temps ni son énergie pour recueillir et faire adopter.

Un refuge « constamment sollicité », qui survit uniquement grâce aux bonnes volontés. D’autant qu’en l’absence de fourrière permanente et de SPA, « on fait le boulot à la place », précise celle qui ne peut faire ni plus, ni mieux. « Souvent, les gens ne comprennent pas que nous puissions refuser un chien, mais quand le refuge est plein, il est plein ! ».

Voilà comment, à Saint-Martin, le serpent (ou le chien) se mord la queue. A moins que les abandons cessent une bonne fois pour toutes et que des stérilisations massives soient mises en œuvre…

Delphine GAVACH