Naufrage dans le canal d’Anguilla : des Saint-Martinois en garde à vue

Les investigations menées sur le chavirement d’une embarcation dans le canal d’Anguilla dimanche, causant 3 décès et 3 disparitions, ont mené le vice-procureur à placer en garde-à-vue deux résidents de Saint-Martin. L’enquête se poursuit sur une filière d’immigration clandestine. 

Les auditions des rescapés du naufrage d’une embarcation type saintoise de six mètres de long survenu dimanche dernier en début de soirée faisant trois morts, ont permis aux enquêteurs d’en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé cette nuit-là, sur les circonstances et les intentions des personnes qui se trouvaient à bord. Confiée à la brigade de recherches, l’enquête a ainsi rapidement avancé.

Le vice-procureur de Saint-Martin a ainsi pu livrer certains éléments dans un communiqué de presse.

Une traversée à $16 000 

En premier lieu, Flavien Noailles confirme qu’« une enquête a été ouverte des chefs d’homicide involontaire par manquement manifestement délibéré et aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers en France, en bande organisée ». En effet, l’enquête a révélé qu’il s’agissait « d’un transport de personnes clandestines de nationalité brésilienne et dominicaine désireuses de se rendre à Porto Rico via Saint-Thomas ou Saint-John ».

D’après les témoignages recueillis par les gendarmes, certains passagers avaient réglé des frais de transport allant jusqu’à 16 000 dollars américains. Le vice procureur indique en outre que « la plupart d’entre eux étaient arrivés début juin sur l’île via l’aéroport Princess Juliana ».

Un individu soupçonné de fournir un support logistique a été placé en garde à vue mercredi en fin de matinée. Quelques heures plus tôt, deux autres individus avaient déjà été placés en garde à vue. Il s’agit de « deux individus résidant à Saint-Martin qui étaient présents sur l’embarcation» au moment du drame, précise le vice procureur. « Ils ont été présentés au juge des libertés et de la détention qui a prolongé leur garde à vue de 48 heures », complète-t-il.

Les enquêteurs ont par ailleurs pu définir les causes du naufrage de cette embarcation qui se trouvait en surcharge. Celle-ci a chaviré car le compartiment arrière a été noyé suite à une avarie de pompe de cale.

Si, quelques heures après le chavirement, les secours pouvaient encore voir la saintoise, du moins une partie qui n’avait pas encore sombré, les recherches aériennes n’ont pas pu localiser « l’embarcation qui était soumise à une forte dérive ouest-nord-ouest ».

26 passagers, 3 morts, 3 disparus

Dans la nuit de dimanche à lundi, la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) et ses homologues hollandais avaient pu repêcher deux personnes vivantes et trois noyés. D’autres personnes avaient été récupérées par un remorqueur qui était sur zone.

Le vice-procureur indique que « les investigations menées par la brigade des recherches ont établi que des rescapés avaient été secourus par une embarcation de passeurs complices ». Selon l’ensemble des éléments de l’enquête, le vice procureur estime à vingt-six le nombre de personnes qui se trouvaient à bord de l’embarcation au moment du naufrage.

Le bilan « provisoire réactualisé » faisait donc état hier de vingt personnes repêchées ou secourues, de trois disparus et de trois personnes décédées dont les corps ont été remis à leur famille par les autorités françaises.

L’enquête n’est cependant pas terminée. Les gendarmes continuent leurs investigations « afin d’identifier toutes les personnes impliquées » dans cette « filière d’immigration clandestine ».

Delphine GAVACH