Quelques instants après sa levée d’écrou, la joie de Ruddy Alexis était très visible.
Après 44 mois de détention provisoire, aucune charge n'a été retenue contre celui qui comparaissait aux Assises comme étant l'auteur présumé de la fusillade qui a coûté la vie au syndicaliste de la CGTG, Jacques Bino, dans la nuit du 17 au 18 février 2009. Ruddy Alexis dort chez lui depuis hier soir.
Une joie intense, hier après-midi, dans la cour du Palais de justice de Basse-Terre. Une joie synonyme de victoire, de retrouvailles avec les siens, de grande satisfaction au terme de dix jours de procès, émaillés d'incidents quasiment à chacune de ces journées.
Mais le verdict est cinglant. ACQUITTEMENT. Celui qui était jugé comme étant le meurtrier de Jacques Bino, le syndicaliste abattu dans la nuit du 17 au 18 février 2009, lors du conflit social, alors qu'il revenait d'un meeting au quartier de l'Assainissement, peut tout simplement retrouver son domicile.
Acharnement judiciaire ?
Les jurés de la cour d'assises n'ont retenu aucune charge contre Ruddy Alexis. La partie civile et l'avocat général, Camille Tardo-Dino, n'ont pas su convaincre. Il est vrai que trop d'éléments dans le dossier pouvaient aller dans le sens de la défense représentée par Mes Démocrite, Plumasseau, Derussy et Me Daninthe, lesquels n'auront jamais ménagé leurs efforts.
Ce sont des tests psychologiques non convaincants, des dépositions de témoins à charge peu crédibles, des scellés qu'on ne retrouve plus, l'arme du crime non présentée, les attaques contre la presse… Il aura fallu moins de deux heures de délibéré pour parvenir au verdict.
Mais le Parquet général n'a pas dit son dernier pour autant. Il compte bien faire appel. Un nouveau procès aura lieu. Après celui avorté d'il y a quelques mois, puis celui qui a donné droit à l'acquittement, à quoi devrait-on s'attendre ? Les avocats de la défense estiment qu'il s'agit là d'un acharnement. Malgré un dossier vide. Pour eux, le combat se poursuit.
