Décès du Dr Georges Nithila


Le Dr Nithila, lors de la célébration de son centenaire.

La célébration, digne et émouvante, de ses 100 ans, le 24 octobre 2012, aura été l’ultime occasion, pour le Docteur Georges Nithila, de recueillir de son vivant l’hommage de ses nombreux amis, de sa famille et des “alliés” rassemblés, venus lui témoigner gratitude et reconnaissance pour sa généreuse implication dans leur vie. Sa disparition, dimanche dernier, signe l’opportunité de les prolonger, à titre posthume cette fois.

La formule pourrait prêter à sourire, au siècle désenchanté où individualisme rime avec cynisme. Georges Nithila n’aura pourtant laissé que de "belles traces" dans le souvenir de tous ceux – et ils sont nombreux – qui l’ont côtoyé, ont appris à apprécier son intégrité, sa courtoisie et son extrême disponibilité, tout au long de sa carrière d’éminent praticien, de directeur de clinique, “d’honnête homme”, au sens ancien (très 17e siècle) du terme.

Homme de cœur, homme d’honneur

Médecin de l’hygiène sociale à Pointe-à-Pitre – il est de retour en terre natale en 1946, après ses études à la Faculté de médecine de Montpellier – il contribue, avec une inépuisable énergie, à lutter contre l’insalubrité, la sous-alimentation et la misère ambiante, dans la Guadeloupe de l’immédiat après-Guerre.

Ses implications personnelles et professionnelles pour sortir "son pays" de l’état d’indigence sanitaire et de sous-équipement médico-social où il végète alors se manifestent à profusion.

Quelques simples lignes sur son CV – dirait-on aujourd'hui – l’attestent, dans tous les domaines d’excellence où ses qualités se sont manifestées : initiateur du service d’hygiène des lycées pointois ; médecin départemental de la jeunesse et des sports – et accessoirement ( !) président de la Ligue sportive de la Guadeloupe ; président du comité d’aide aux tuberculeux… et président du conseil départemental de l’Ordre des médecins (de 1956 à 1970).

Significatif jalon d’un foisonnant parcours de vie, au plus près des familles, la clinique Saint-Nicolas, qu’il crée en 1968, face à la Place de la Victoire pointoise. Un établissement pilote pour l’époque, spécialisé dans l’obstétrique, accueillant 43 lits, où de très nombreux Guadeloupéens ont vu le jour…

Au service du “bien public”

Au plan relationnel et plus largement social, les récompenses qui lui ont été attribuées ont été aussi nombreuses que méritées : Chevalier de la Santé publique (1963) ; médaille de bronze de l’Académie de médecine ; médaille de la Fédération française de Football (1964) ; officier des Palmes académiques (1962) ; chevalier de l’Etoile noire du Bénin (1962), médaille d’or de la Jeunesse et des sports (1963), Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur (1967)…

Un temps intéressé par la vie politique, il sera conseiller municipal de sa ville natale, Pointe-à-Pitre, de 1961 à 1966.

« Chaque personne rencontrée est importante », aimait-il à rappeler, avec l'humilité vraie qui le caractérisait. Une formule généreuse qui s’applique, en miroir, à l’homme de cœur et de devoir qu’il reste, dans le souvenir de tous ceux qui l’ont rencontré.

En mémoire du père exemplaire et de l’ami dévoué qu’il fut, pour l’ensemble de son œuvre au service du “bien public” – à une époque où ce concept faisait sens ! – notre rédaction ne pouvait manquer de saluer son parcours centenaire, de rendre hommage à son action bienfaisante au service de tous ses patients, et de présenter ses sincères condoléances à ses quatre filles (Claude, Christiane, Danièle et Dominique), et plus largement à la famille élargie, de cœur et d’esprit, qu’il s’était patiemment créée.

Daniel ROLLÉ