Fin du monde : le jour d’après…


“Apocalypse now”. 21 décembre 2012 : catastrophe finale. La fin du monde, c’est pour demain ! Depuis plusieurs semaines, les scénarios alarmistes se sont répandus comme traînée de poudre explosive dans les consciences, relayés par une campagne médiatique sans précédent. La peur fait recette. La résurrection aussi…

Dans son ouvrage opportunément intitulé “Le mythe de la fin du monde », l’historien Luc Mary pose les termes du débat psychotique qui agite les esprits en cette fin d’année tumultueuse : tout commence « avec la conviction que Nibiru, une planète (qui n’existe pas) découverte par les Sumériens, va s’écraser sur la Terre. » Un scénario-catastrophe d’abord annoncé pour 2003. « Mais comme il ne s’est rien passé, la date fatidique a été changée à décembre 2012 et assimilée à la fin de l’un des cycles de l’ancien calendrier Maya, fixée au solstice d’hiver de 2012. D’où la date du 21 décembre 2012. » [*]

L’heure de “nous-même” sonnera-t-elle ?

On connaît donc le jour. Mais à quelle heure précise la Terre s’embrasera-t-elle, nous faisant tous passer de vie à trépas ? À quel moment précis irons-nous à la rencontre ultime de nous-même ? Pas celui du phénomène astronomique qu’est le solstice d’hiver en tout cas (qui interviendra à 11h12, temps universel – soit 7h12 aux Antilles, le 21 décembre).

Non, le “juge de la paix éternelle” en la matière, c’est le Popol Vuh. Selon ce texte mythologique maya fondamental, plutôt obscur pour les profanes, ou du moins selon ses réinterprétations récentes, « la fin du monde correspondrait au moment où le soleil se couche à la hauteur du Mexique ou des pays alentours. » Bigre ! Encore faut-il se placer dans le contexte géographique de l’époque pré-colombienne pour comprendre.

Glyphes et énigmes anciens

En ces temps reculés, notre civilisation maya de référence s’étendait sur les territoires actuels des États mexicains du Chiapas et du Yucatàn et sur ceux du Belize, du Guatemala et du Honduras. Les archéologues contemporains auraient trouvé mention de cette fameuse date du 21 décembre sur deux sites distincts.

« La découverte en 1980 d’un glyphe sur le site de Tortuguero, au Mexique, fut […] déterminante pour éclairer le “long compte” maya. » L’inscription était gravée sur un fragment d’une imposante stèle de pierre, conservée aujourd’hui sur le site archéologique de Muscupana, à El Tortuguero. La date de fin de cycle maya y est découverte pour la première fois. « Il s’agit de l’achèvement de 13 baktuns depuis le point zéro (13×400 ans de 360 jours, soit 5.126 de nos années !), correspondant donc au 21 décembre 2012. »

À ce point de notre récit, si vous n’avez pas déjà renoncé à comprendre, sachez que « c’était la seule référence – d’ailleurs très énigmatique – dont disposaient les experts jusqu’à très récemment. » Jusqu’à ce qu’en mai dernier, « une autre mention de cette date soit découverte sur le site de la Corona, au Guatemala. » Allons bon !

Résurrection

Le site de Tortuguero se trouve dans l’État mexicain de Tabasco. Le 21 décembre, le soleil s’y couchera à 17h41. Aux Antilles, il sera 19h41 ! Mais la Corona est située dans le Parc national de Laguna del Tigre, dans le Pelèn au Guatemala. Au moment supposé de la collision planétaire fatale, le soleil s’y couchera à 17h30. Il sera 19h30 en Guadeloupe et Martinique.

Selon les “Prévisions Mayas”, nous mourrons donc entre 19h30 et 19h41, ce 21 décembre. Sans pouvoir connaître notre dernier Noël et fêter la fin d’une année d’apocalypse !

Quel rempart contre l’angoisse du repos éternel ? Osons une suggestion : l’Amour. De soi, de l’Autre (ou des autres, si vous préférez !). L’Amour, à ressentir… ou à faire, selon votre caprice du moment.

En vous réveillant le lendemain – le jour d’après ! – vous aurez au moins la satisfaction d’une résurrection bienfaisante. La peur comme aphrodisiaque, ça a du bon, tout de même, non ???

* [Éléments documentaires recueillis sur le site : Slate.fr]

Daniel ROLLÉ