Gérard Penchard, président de la CCI Basse-Terre (1974-1991), Commandeur de la Légion d’Honneur…
Ancien Président de la Chambre de Commerce et d'industrie de Basse-Terre (de 1974 à 1991), Commandeur de la Légion d'honneur, Gérard Penchard s'est éteint ce dimanche, aux premières heures de la matinée. Ses amis, les nombreuses personnalités du monde politique, économique et social recueillis aujourd'hui auprès de sa famille, gardent encore vive l'empreinte de la "belle âme", du Grand Guadeloupéen qu'il fut. In memoriam.
Gérard Penchard avait la foi. Une foi chevillée au corps, rivée quasi consubstantiellement au cœur, non point seulement, comme on serait tenté de le croire, dans le seul registre du religieux, de la transcendance. Mais une foi simple et vive en son pays, en l’âme créole, en la vertu d’entreprendre, qui sommeille encore trop souvent en chacune, en chacun des fils et filles d’un archipel, et singulièrement d’une région auquel il aura entièrement voué sa vie.
Satisfecit élégiaque de circonstance, pourriez-vous penser, à l’heure du trépas, au moment de rendre hommage à l’un des plus prestigieux natifs d’une Guadeloupe trop souvent oublieuse de son passé ? Détrompez-vous.
S’agissant de Gérard Penchard, l’homélie non plus seulement religieuse mais sociale qui accompagnera sa dépouille mortelle, en l’église du Carmel, en un chef-lieu auquel il aura tant donné, promet d’être à la mesure du personnage qu’il fut : hors normes, hors mesure, hors frontières.
L’opiniâtreté faite homme
Les traces laissées dans le quotidien de ses compatriotes par ce “fils du Carmel”, cet Aîné de grande probité, de courage maintes fois démontré – y compris dans sa chair, en 1986, lors d’un attentat de funeste mémoire – de solidarité collégiale et de parfait dévouement à sa terre natale, sont trop nombreuses pour être, ici, décrites en détail.
Son “œuvre” – le mot n’est pas trop fort ! – réalisée pour l’essentiel au sein de l’institution consulaire de Basse-Terre ne fut, en effet, point exempte d’échappées belles hors de ses missions au service des intérêts économiques de sa proche région.
Les décisions qu’il eut à prendre, les choix qui furent les siens en des heures parfois sombres de l’histoire de la Guadeloupe, en ont façonné le devenir tout entier – îles du nord incluses.
Quelques exemples emblématiques de son parcours suffisent à prendre la mesure de l’homme, et à attester les qualités du stratège visionnaire, du militant économique acharné qu’il fut, au service d’un credo obstiné, quasi obsessionnel : le développement de son pays.
La stature du Commandeur
Lors du grand exode basse-terrien, consécutif à l’éruption de la Soufrière, le 11 juillet 1976, le tout frais Président de la Chambre de commerce du chef-lieu entame un long et opiniâtre combat pour la survie économique de sa région sinistrée.
Il faut se souvenir qu’à l’époque, durant six longs mois, de Goyave à Bouillante, toute la région a été vidée de ses forces vives sur décision préfectorale, et gît littéralement sous les cendres de son glorieux passé économique. Six mois durant lesquels les services de la CCI menés par Gérard Penchard se dépenseront sans compter, depuis leur antenne retranchée de Grand Camp, pour permettre aux commerçants sinistrés de garder espoir et d’organiser la survie de leurs entreprises.
Il faudra attendre le 20 décembre 1976 pour que la Préfecture et l’ensemble des administrations afférentes regagnent le chef-lieu…
Dès 1977 – acte de confiance hautement symbolique – commencent les travaux qui aboutiront, sous son impulsion, à la naissance de l’Hôtel consulaire de Basse-Terre, abritant les services d’une Chambre de commerce et d’Industrie portée par la foi en l’Homme d’un Président bâtisseur infatigable, déterminé à œuvrer au redémarrage économique de Basse-Terre.
Autre fait notable – un quasi fait d’armes ! – à Capesterre Belle-Eau cette fois, le 8 mars 1986. La campagne électorale pour les Législatives bat son plein, au plus fort des attentats de l’époque, perpétrés par des militants de l’ARC – l’alliance révolutionnaire caraïbe – contre le pouvoir “colonial” en place.
Lucette Michaux-Chevry harangue la foule depuis une balustrade, lors d’un meeting. Gérard Penchard, alors superviseur, est à ses côtés lorsqu’un cocktail Molotov est lancé sur la tribune. Gérard se jette entre la mère de sa belle-fille – Marie-Luce Penchard a épousé Patrick, l’un de ses fils – et le projectile. Il sera grièvement brûlé sur tout le corps…
Un geste spontané, héroïque, qui signe la stature de celui qui, le 21 octobre de cette même année 1986, sera fait par Jacques Chirac, alors Premier ministre, Officier de la Légion d’honneur. C'est ensuite le Président de la République soi-même, François Mitterrand, qui l'élevera au grade de Commandeur – insigne et rare honneur rendu à l’un des siens par la République reconnaissante –, quelque temps plus tard…
Jalons mémoriels
Sous la présidence de Gérard Penchard, 27 années durant, la CCI du chef-lieu fera de la formation des hommes et du primat de l’action sur l’intention le cœur de cible de toutes ses initiatives en faveur du développement économique local.
Le Laboratoire consacré aux travaux de recherche sur les plantes médicinales des Docteurs Pierre Sainte-Luce et Henry Joseph, en est l’un des signifiants exemples. Parmi d’autres…
En 1979, le Centre de formation des artisans-pêcheurs sur le port de Basse-Terre, ainsi que l’Institut régional de pêche et de marine (IRPM) jettent les bases d’une organisation d’un secteur longtemps négligé…
Le Centre de broderie de Fort l’Olive, à Vieux-Fort, lui doit aussi son actuelle notoriété…
Après l’échec de l’hôtel-restaurant de la Soufrière, l’actif président de la CCI lance le projet de ce qui deviendra l’Hôtel-Ecole hôtelière Saint-Georges à Saint-Claude. Le tourisme hôtelier basse-terrien devient une pièce maîtresse de sa stratégie de développement tous azimuts…
Au plan sportif, Gérard Penchard est également à l’initiative de cette “course dans la course” – s’agissant de l’emblématique “Route du Rhum” – qu’est le Trophée de la CCI Basse-Terre, récompensant le meilleur temps réalisé par les navigateurs-finisseurs de la Grande Course transatlantique, entre la bouée de Basse-Terre et la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre…
Hormis ses actions professionnelles stricto sensu (il a été administrateur de nombreuses sociétés qu'il a créées : self-services, agence de voyages, agence immobilière portant un patronyme synonyme de dynamisme et de réussite…), Gérard Penchard a également été le fondateur d’un éminent club-services, le Rotary Club “Doyen” de Basse-Terre, qui signe de multiples actions caritatives et humanitaires au plus près des publics les plus déshérités…
Hommage unanime
Pour permettre à ses concitoyens reconnaissants de lui rendre un ultime hommage, le corps de Gérard Penchard sera exposé ce lundi, de 14 h à 17 h, à l’Hôtel consulaire de Basse-Terre, qu’il aura si opiniâtrement contribué à construire.
La cérémonie religieuse qui lui sera consacrée aura lieu mardi, en l’église du Carmel, avant son inhumation, dans l’après-midi, au cœur même d’une terre natale qu’il aura passionnément aimée, et à laquelle il aura tant donné…
N.B. : En cette solennelle et signifiante circonstance, Mario Moradel, Jean-Yves Frixon, tous les partenaires d’Eclair Télévision, d’Eclair Radio, de notre site Maximini, et l’ensemble des membres de nos rédactions, se joignent d’intention à tous les amis, aux complices de cœur de Gérard Penchard – ils sont nombreux et se reconnaîtront, tous âges confondues ! – pour adresser à ses proches, à Jean-Michel Penchard, son fils, 1er vice-président de la CCI-IG, ainsi qu'à toute sa famille rassemblée, leurs chaleureux témoignages de soutien et leurs plus sincères condoléances.
