Grève des stations-service : chose promise…


Aux abords des quelques stations “réquisitionnées”, le ton monte entre automobilistes exaspérés par l’attente, et les piétons munis de bidons salvateurs…

Les épreuves du Baccalauréat une fois achevées, les gérants de stations-service ont mis à exécution leur menace d'une reprise des hostilités. Ce mardi matin, les automobilistes ont trouvé pompes closes, dans la quasi totalité des stations du département. Une déclaration de crise proclamée avec, en toile de fond, une autre menace : celle affichée par les professionnels des transports et ceux du BTP. Décidément, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dont l'arrivée est prévue le 27 juin, est attendu de pied ferme en Guadeloupe…

Les premiers signes avant-coureurs de cette seconde salve de fermeture des stations-service ont pris la forme d'une rumeur, qui s'est propagée comme une traînée de poudre aux abords surchauffés de stations, dans la soirée de lundi : la grève allait recommencer.

Les files de voitures devant les pompes encore ouvertes se sont vite étendues, portées par des usagers prévoyants. Rumeur confirmée dès le lendemain, mardi. Les gérants ont gardé portes closes, au grand dam de tous ceux qui croyaient pouvoir encore “voir venir”…

La grogne monte

Le nouveau décret promis par le ministre des Outremers, Victorin Lurel, promettant une réglementation, plus “transparente”, des prix des produits pétroliers et du gaz, continue d'être dans le collimateur avoué des gérants guadeloupéens et martiniquais, rejoints, rappelons-le, par leurs homologues de la Réunion, la Guyane étant depuis de longues semaines déjà, victime d'une grève perlée des carburants.

Patrick Collé, le président du syndicat des gérants guadeloupéens, l'a confirmé comme promis : les stations garderont leurs pistes fermées “sine die” – traduisez : sans date annoncée de reprise de la distribution.

De quoi provoquer la colère montante des automobilistes non avertis à l'avance, cette fois : aux abords des quelques rares stations-service réquisitionnées, “gérant la pénurie” pour assurer une sorte de service minimum, les mouvements d'humeur se multiplient dans les files d'attente, où les plus malins se rendaient à pied, bidons de stockage d'essence à la main, pour être servis plus rapidement…

Nouvelle riposte de Victorin Lurel

Une nouvelle fois dans le collimateur des grévistes, le ministre des Outremers, Victorin Lurel, s'est fendu, ce 25 juin, d'un communiqué officiel appelant au calme, au civisme et à la responsabilité les grévistes, sur fond de difficultés économiques croissantes pour des économies insulaires déjà bien mal en point. Extraits.

“Le ministre rappelle que des discussions sur la rédaction des projets de textes – valant préparation des nouveaux décrets de régulation des prix des carburants, NDLR – sont en cours depuis le 7 juin dernier et que les premières réactions écrites des organisations professionnelles lui ont été transmises hier” [24 juin].

[…] “Les contacts, nombreux ces dernières semaines, ont montré la nécessité de poursuivre le dialogue sur le format élargi, déjà utilisé pour la première réunion.”

Dans cet esprit, “le ministre des Outremers invite l'ensemble des organisations professionnelles à une deuxième réunion plénière à Paris, pour la première semaine de juillet. Il demande de ne pas engager des mouvements dommageables à l'ensemble des entreprises et de la population, alors même que les discussions sur le contenu des textes doivent se poursuivre.”

Manifestement, les gérants antillais, en grève relancée, ne l'ont pas entendu de cette oreille.

Leur détermination prend valeur, à leurs yeux, de respect de la parole donnée… quoiqu'il en coûte aux usagers. En d'autres termes : chose promise (la grève – saison 2), chose due (les pompes resteront fermées… jusqu'à nouvel ordre !). D'autres fronts du refus s'annoncent, du côté des professionnels du transport (déjà sur le pied de guerre en Martinique) et de ceux du BTP, en conflit larvé avec les collectivités clientes, “en délicatesse” de réglements à leur égard.

Voilà le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, averti du menu social bien “épicé” qui lui est promis, dès son arrivée, le 27 juin, en Guadeloupe.