L’association des hôteliers de Saint-Martin a fait part hier lors d’une conférence de presse des raisons qui l’ont poussée à stopper toute coopération avec la partie hollandaise en matière de communication. Point de non-retour ? La réciprocité des relations entre les hôteliers de Saint-Martin et les acteurs du tourisme de Sint-Maarten n’est pas loin d’atteindre ce stade. Le vase était déjà plein et la disposition relative à l’obligation d’avoir un passeport pour venir à Saint-Martin est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Le problème des passeports n’est pas négociable », confiait hier en conférence de presse, Philippe Thévenet, vice-président exécutif et porte-parole de l’association des hôteliers de Saint-Martin (AHSM) qui rassemble une vingtaine de membres et représente 1 730 chambres. « Ce n’est pas négociable. C’est une atteinte à la citoyenneté française », juge-t-il. Pour rappel, le gouvernement de Sint-Maarten a décidé l’année dernière d’instaurer comme formalité de transport obligatoire le passeport aux ressortissants français qui, jusqu’alors, pouvaient voyager jusqu’alors avec la carte nationale d’identité. Aussitôt les répercussions sur les réservations se font faites ressentir. « Nous enregistrons une baisse de 20,12 % en janvier 2011 par rapport à janvier 2010. Ce qui représente une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 6 à 8 millions d’euros pour l’ensemble de ce secteur d’activité, qui est tout de même le moteur économique de l’île », fait remarquer Philippe Thévenet. Un comportement de Sint-Maarten qui pousse les hôteliers français à cran. « Car il faut savoir que d’une manière la coopération que nous sommes censés pratiquer, se fait souvent à sens unique et à notre détriment », commente-t-il. Et de citer un exemple : « nous avions conclu un accord selon lequel nous partagions des frais de communication sur des salons ayant lieu dans cinq villes des Etats-Unis, au bout du compte, Sint-Maarten n’a pas assuré sa partie et la promotion n’a été faite que dans les trois villes où nous avons été. » Dans ce contexte d’exaspération, l’AHSM a ainsi décidé de cesser toute coopération avec la partie hollandaise quant aux actions de promotion de l’île à l’étranger. « Nous ne participerons donc pas au SMART », annoncent les membres de l’association. Une décision peu évidente car les deux parties de l’île ont besoin de l’une et l’autre pour vivre. « La partie hollandaise a besoin de la partie française pour se promouvoir, il faut savoir que souvent Pinel est utilisé sur les brochures. Certes les Américains sont contents d’aller dans les casinos mais ils sont aussi contents de profiter de la gastronomie française », note Pascal Doublet, directeur du Mercure. « Nous permettons aussi à Sint-Maarten de pénétrer des marchés comme celui de Pays-Bas qu’il ne parvient pas à séduire », complète Philippe Thévenet qui tient à faire prendre conscience d’un fait : « certes la partie hollandaise accueille 1,5 million de croisiéristes, mais ceux-ci ne restent que quelques heures. Or, en partie française, nous comptons 750 000 journées clients par an et la moyenne d’un séjour est de huit jours. Et sans compter les recettes issues des taxes aéroportuaires payées par les Français arrivant à Juliana. »