Il y a 170 ans, un séisme majeur ravageait la Guadeloupe


Cette image d’Épinal évoque le séisme du 8 février 1843. L’objet céleste (à droite du volcan) demeure un mystère. L’artiste a-t-il voulu représenter un engin extraterrestre assistant aux événements ?

Le 8 février 1843, une grande partie de l’archipel subissait de plein fouet le plus violent tremblement de terre de l’histoire de la Caraïbe. Des ruines innombrables, des milliers de cadavres et de sans-abris et de la désolation qui en a suivi, il ne reste que peu de traces… sinon dans les souvenirs et récits d’infortunés survivants et de témoins de l'époque.

Le 8 février 1843, entre 10h30 et 11h locales, un tremblement de terre d'une intensité sans précédent dans les Amériques de l’époque – on l’a estimé, depuis, à environ 8 sur l’échelle de Richter – ravage la Guadeloupe. Le traumatisme fut énorme parmi les survivants. L'événement est inscrit dans l'histoire des familles. Mais il a aussi façonné la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui (celle de Pointe-à-Pitre notamment, ravagée par les secousses, mais aussi par les nombreux incendies consécutifs).

« La Guadeloupe, si belle, si riche, si animée, si vivante naguère, n'offre plus qu'un spectacle de ruine et de désolation ; la Pointe-a-Pitre a été foudroyée en une minute, et l'incendie qui s'est emparé de ces décombres a achevé l'œuvre de destruction et de mort ; d'immenses crevasses d'où jaillissaient des torrents d'eau, de flammes et de fumée, ont englouti des milliers de victimes », peut-on lire alors dans “L’Illustration” – un quotidien parisien – du 18 mars de la même année.

Une catastrophe d’une ampleur exceptionnelle

Ce sinistre majeur fut aussi déterminant sur le plan industriel et économique, favorisant l'émergence des “usines centrales” – en remplacement des vieux moulins, détruits –, sans oublier l'évolution vers l'abolition de l'esclavage, cinq ans plus tard.

L'événement fut aussi, il faut le souligner, générateur d'une solidarité exceptionnelle, à tous égards, plus ou moins spontanée, plus ou moins instrumentalisée par les pouvoirs de l'époque. « J'implore la France, écrivait ainsi l'amiral Gourbeyre, gouverneur de la Guadeloupe d'alors, sur les ruines mêmes de la Pointe-a-Pitre ; elle n'abandonnera pas une population toute française ; elle ne délaissera pas les veuves et les orphelins que ce grand désastre vient de plonger dans la plus profonde misère ! »

C'est en cette circonstance que le gouverneur Gourbeyre (natif de Riom, en Auvergne) acquit le statut d'homme providentiel, tout comme le premier adjoint au maire de la ville, Charles-Anatole Léger, à l'origine de la gloire de la famille Leger en Guadeloupe (le diplomate Alexis Leger – Saint-John Perse de son nom de poète – est son petit-neveu).

S’en est suivie une mobilisation de soutien régionale d'abord (des autres îles de la Caraïbe), mais aussi nationale (avec la publication, dans tous les journaux, de listes de souscriptions dans tous les milieux et pendant plus d'un an) et internationale (États-Unis, Venezuela…). C'est, pour l’époque, une grande première humanitaire.

Daniel ROLLÉ