Jeff Joseph, un an déjà…


Jeff JOSEPH, un an déjà…


Il y a un an, jour pour jour, le 23 novembre 2011, disparaissait l’un des artistes les plus foisonnants et attachants de la World Music caribéenne. D’origine dominiquaise, Jeff Joseph, le "lead vocal" des Grammacks et partenaire incontournable du groupe Volt-Face, a fait danser et communier dans une même ferveur des générations de zoukeurs et autres “ambianceurs” sur toutes les scènes musicales où il lui a été donné de s’exprimer. Hommage.

40 années d’une carrière dense, étonnante de diversité dans le choix des influences, dans la fusionnelle recherche des rythmes qu’il réussissait à marier (calypso, merengue, soca, bouyon, reggae, funk, zouk…), Jeff Joseph avait réussi à s’imposer en authentique chantre de la musique caribéenne, auprès de tous ses pairs et du grand public.

Show-man hors-pair

Impeccable show-man, “agitateur de foules” dans le bon sens du terme, ouvert et généreux… Les qualificatifs élogieux ne manquent pas pour célébrer l’empreinte qu’il aura laissée au sein de la World Music d’expression caribéenne. Du groupe dominiquais Grammacks, dont il fut l’emblématique chanteur-pilier, jusqu’à sa très remarquée carrière solo, en passant par sa participation survoltée et stimulante aux concerts du groupe Volt-Face – aux côtés de Georges Décimus, Catherine Thélamon ou Dominique Panol, entre autres – Jeff Joseph a su réconcilier tous les publics qu’il “embarquait” par sa fougue, avec une énergie communicative, à chacun de ses rendez-vous scéniques, pour les faire succomber sous la fièvre de ses tempos.

Une exemplaire longévité

Tout au long de ses quelque 40 années de carrière, il aura réussi l’incontestable exploit (les “ambianceurs” modernes apprécieront !) d’imposer une griffe, un style harmonique inimitable, un son “Caribbean Rock” agité et électrisant, servi par un groove saturé et une rythmique d’enfer. L’ambiance torride des concerts de cet interprète charismatique, de ce compositeur apprécié de tous les musiciens – et ils sont nombreux ! – qui l’ont côtoyé, a marqué les esprits et suscité quelques vocations, tout au long d’une trajectoire scénique d’une exemplaire longévité.

Ses titres-phares foisonnent : Soucougnan, Misik dou it, Ou pa bon, Côchema, Pawol en bouch, sans oublier l’incontournable “Mi déba”… Une liste trop longue à citer intégralement.

La voix du cœur

A sa manière spontanée et enthousiaste, il avait su renouveler et enrichir son répertoire, composer avec les modes et les tendances, les créant même parfois, sans jamais se départir d’une incontestable humilité, et d’une vraie gentillesse dans ses “contacts” fusionnels avec son public, avec ses nombreux fans. Pour eux, pour ses partenaires, il avait “la voix du cœur” et le rythme dans la peau.

Le 23 novembre 2011, Jeff Joseph s’éteignait au CHU de Fort-de-France, des suites d'un accident vasculaire cérébral. Il avait 58 ans. Ses amis, partenaires et nombreux admirateurs en portent encore le deuil.

Daniel ROLLÉ