Le Beaujolais nouveau, mode ou tradition ?


La pratique, très suivie par les restaurateurs locaux, d’annoncer l’arrivée du Beaujolais nouveau reste active. Mais elle n’est pas seulement très “tendance”, elle a sa petite histoire…

La consommation de vin nouveau est une habitude qui date de l’époque où l’homme s’est mis à faire du vin jusqu’au point de maîtriser le processus de vinification. Deux raisons à cela, l’une technique, l’autre économique : les difficultés à conserver le vin – qui s’oxyde à l’air et devenait vite aigre et imbuvable – et les différents privilèges de vente qui donnaient aux premiers vendeurs les meilleurs prix. Les pénuries qui s’ensuivaient, en hiver, allaient jusqu’à provoquer des mouvements de grogne populaire.

Dans les décennies précédant la Seconde guerre mondiale, les débitants de boisson lyonnais avaient pris l’habitude d’acheter le vin directement dans le vignoble, les vendanges achevées, pour les revendre ensuite à leurs clients. La fermentation s’achevait alors dans les tonneaux durant le transport.

Naissance administrative du Beaujolais primeur

C’est l’année 1951, avec l’arrêté autorisant les régions productrices de vins à consommation précoce à commercialiser immédiatement leurs vins sur le marché, qui marque la naissance du phénomène : “le Beaujolais nouveau est arrivé !” Il s’étendra rapidement hors de ses régions natives, le Beaujolais et le Lyonnais. Les dates ne seront fixées qu’avec les lois de 1967 et de 1985 : le 15 novembre à 0h00, d’abord, puis le troisième jeudi de novembre (nous y sommes !), qui officialise la vente de vins nouveaux.

Un succès mondial

La production cumulée des 12 appellations du Beaujolais, qui représentait en moyenne plus de 130 millions de bouteilles, a été fortement touchée par la crise : 115 millions de bouteilles en 2011, dont 36 millions de Beaujolais nouveau. Aux Antilles, le succès, à la fois commercial et festif, de cette “célébration” reste considérable, toutes proportions gardées. Rien de comparable pourtant, évidemment, avec l’ampleur mondiale du phénomène : annuellement, près de 54 millions de bouteilles sont exportées dans plus de 110 pays. En tête des meilleurs pays consommateurs, le Japon (7,1 millions de bouteilles), juste devant l’Allemagne (7 millions), loin devant les Etats-Unis (4 millions). Ces trois pays “pèsent” près de 70 % du marché à l’export ! Reste que, matraquage marketing oblige, l'image du “produit" compte souvent plus que sa qualité réelle…