L’UE presse l’Irlande, le gouvernement sur la sellette

par Jodie Ginsberg

DUBLIN (Reuters) – Le gouvernement irlandais semble de plus en plus menacé, ce qui a amené mardi l’Union européenne à se faire pressante et à plaider pour l’adoption au plus vite d’un budget d’austérité qui permettra de débloquer l’aide de l’Union européenne et du FMI.

Le Sinn Fèin, qui siège dans l’opposition, a annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement de Brian Cowen.

Les deux principales formations de l’opposition, le Fine Gael et le Parti travailliste, données gagnantes des législatives à venir, avaient déjà pour leur part réclamé la dissolution immédiate du parlement et la tenue d’un scrutin anticipé avant même le vote du budget.

Resté sourd aux appels à une dissolution immédiate du parlement, le Premier ministre a promis lundi de convoquer des élections au début de l’année prochaine après l’adoption du plan d’austérité qu’il doit présenter mercredi.

Brian Cowen, qui espère faire adopter le budget 2011 le 7 décembre, a aussi rejeté les appels à sa démission en invoquant l’intérêt national. Mais il doit maintenant faire face aux députés de son propre parti qui se réunissent ce mardi et pourraient, selon la presse irlandaise, lui demander de renoncer à conduire le Fianna Fail aux prochaines législatives.

Avec l’exacerbation de la crise politique à Dublin, la Commission européenne a insisté mardi sur l’urgence de l’adoption d’un budget d’austérité.

« Le projet sur quatre ans et le budget 2011 sont des éléments fondamentaux dans les discussions actuelles », a dit son porte-parole Amadeu Altafaj.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a pour sa part déclaré, devant les députés irlandais du Parlement européen à Strasbourg : « Il est essentiel que le budget soit adopté dans les temps et que nous puissions conclure la négociation dans les temps. »

RISQUE DE TROUBLES

Tout retard dans l’adoption du budget empêcherait le versement des premières aides, conformément aux règles du Fonds monétaire international. Le FMI et l’UE planchaient toujours mardi sur les modalités précises du plan de sauvetage convenu pour l’Irlande, dont le montant devrait être compris entre 80 et 90 milliards d’euros.

L’Irish Times rapporte mardi que Brian Cowen s’est entretenu lundi avec les chefs de file du Fine Gael et du Parti travailliste, Enda Kenny et Eamon Gilmore, et leur a proposé de leur transmettre le projet de budget avant qu’il ne soit soumis au parlement. Mais, ajoute le quotidien, les deux responsables de l’opposition ont campé sur leur position.

Des heurts entre des militants du Sinn Fèin (extrême gauche) et la police, lundi devant le parlement, ont fait craindre que des troubles n’accompagnent les réductions drastiques des dépenses et des salaires envisagées par Dublin.

Les organisations syndicales ont appelé à manifester samedi à Dublin. Des dizaines de milliers de personnes sont attendues.

Le plan d’austérité devrait inclure une baisse du salaire minimum et des prestations sociales, des suppressions de postes dans la fonction publique, la création d’une nouvelle taxe foncière et une hausse des impôts sur le revenu, pour réaliser six milliards d’économies dès 2011 et 15 milliards en 2014.

« Nous croyons qu’il est clairement du devoir de chaque membre du Dail Eireann (le parlement) de faciliter le passage de ces mesures dans les circonstances graves et uniques dans lesquelles nous nous trouvons », a souligné Brian Cowen lundi soir.

L’incertitude politique en Irlande continue de peser sur les marchés, inquiets d’un risque de contagion à d’autres pays de la zone euro fragilisés par la crise, comme le Portugal ou l’Espagne. L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 creusait ses pertes et reculait de 0,86% en début d’après-midi. L’indice de la Bourse de Dublin abandonnait 3%.

Nabal