Pâques : la tradition reste vive


Une célébration pascale essentiellement religieuse…

Pâques est la plus importante fête chrétienne. Elle commémore la résurrection de Jésus-Christ énoncée par la Bible, le troisième jour après sa “Passion” (les supplices et tourments précédant sa mort). Les solennités accompagnant les célébrations religieuses se sont déroulées le dimanche de Pâques. De nos jours, les rassemblements festifs qu’elle engendre ont essaimé dans le champ social, avec des particularités propres aux Antilles, tout en gardant un substrat religieux indéniable. Petite histoire d’une grande tradition festive.

Pour les catholiques, les célébrations marquant la fin du jeûne du Carême durent 8 jours (la semaine de Pâques, encore appelée “semaine radieuse” ou “semaine des huit dimanches”).

Aux origines, Pâque (au féminin singulier), est la fête solennelle des Juifs célébrée chaque année en mémoire de leur sortie d'Égypte, soulignant leur affranchissement de l'esclavage sous le règne pharaonique.

En France, le lundi de Pâques est férié depuis la loi du 8 mars 1886. Dans les départements français de l’Alsace et de la Moselle, mais aussi aux Antilles-Guyane, le vendredi saint, qui précède le dimanche de Pâques, est un jour chômé.

Sur les plages des Caraïbes, le camping est roi

A Pâques, les plages des Antilles – et plus largement des Caraïbes –  mais aussi certaines rivières autorisées se métamorphosent en lieux de rassemblements festifs, bien éloignés souvent, des traditions religieuses qui les fondent.

En bord de mer, majoritairement, ou de rivières, la moindre parcelle de terrain disponible est investie, nettoyée de ses feuillages, cédant la place aux dégustations traditionnelles,  jeux de plage, parties de cartes ou de dominos, venus rythmer les jours et les nuits de vacanciers sacrifiant à une tradition bien éloignée de son caractère sacrificiel initial.

L’incontournable “matété a krab” est sur toutes les tables – ou presque – des lieux de camping, souvent réservés plusieurs jours d’avance par les plus prévoyants.

Équipés de tentes, de bâches, de sonos, de groupes électrogènes chacun prend soin de s’installer un coin agréable et convivial pour un week-end de Pâques haut en couleurs et en saveurs… mais hélas, aussi, en dégradations fort peu respectueuses de l’environnement ambiant sur le littoral et les frondaisons alentours. Chaque année, un appel au civisme et à la responsabilité écologique est lancé par les municipalités concernées, dont les services de voirie ont souvent fort à faire, en dépit des précautions en amont prises par les agents de l’ONF, après le départ des “ambianceurs” peu scrupuleux, sur des plages jonchées de détritus divers.

Quant au respect des symboles marquant les rites qui animent les fêtes pascales, les noceurs de bord de mer en font d’autant moins preuve que le souvenir de leurs origines s’est souvent perdu…

La symbolique pascale

La tradition d'offrir des œufs à Pâques remonte à l'Antiquité. Symboles de vie et de renaissance, les œufs peints étaient offerts au printemps par les Egyptiens et les Romains, à la déesse mère (Vénus, Isis, Sémiramis…). Cette tradition païenne s'est, au fil des siècles, répandue dans toute la chrétienté jusqu'à nos jours.

Symboliquement, pour les catholiques, la veillée pascale et son cierge traduisent la Résurrection du Christ. C'est aussi, pour les chrétiens, l'occasion du renouvellement solennel de l'engagement de leur baptême.

Le Carême est alors officiellement terminé. L'accent est mis sur l'innocence retrouvée et sur la valeur de l'initiation chrétienne. Lorsque le jour est levé, s'ensuit la messe de la Résurrection. Pour les mortels, le Christ Rédempteur a ainsi vaincu le péché, le démon et la mort même.

Pâques est aussi l'une des rares occasions pour le Pape de prononcer la célèbre bénédiction “Urbi et orbi” (littéralement, “À la Ville et au monde”). Ainsi, la bénédiction que donne le Pape à Rome s'adresse aussi bien aux fidèles massés place Saint-Pierre qu'au monde entier.

Dans un monde en proie aux turbulences des affrontements entre chrétiens et musulmans, il faut désormais “créer des espaces d'authentique fraternité”, afin de contrer le “choc des ignorances” et “[…] pour que soient surmontées les divergences et que mûrisse un esprit renouvelé de réconciliation”, a notamment souligné à cette solennelle occasion le Pape argentin François, élu le 13 mars à la succession de Benoît XVI…

À noter, enfin, que l'expression “faire ses Pâques” signifie plus concrètement faire pénitence, tout en communiant au corps du Christ – au moins une fois l'an – généralement durant le Carême et à Pâques. Le Pape Paul VI, en son temps, a précisé en audience : « La formule consacrée, populaire, "faire ses pâques" a précisément cette signification pratique, celle de rectifier le cours de notre vie en se référant à son orientation suprême, son orientation religieuse. »

Daniel ROLLÉ