Préval craindrait l’exil

L’unique chef d’Etat qui a bouclé son mandat en vingt-quatre ans d’une démocratie fragile, René Préval craindrait le chemin de l’exil à la fin de son second mandat le 7 février 2011, selon une note de l’ambassade américaine en Haïti révélée par WikiLeaks.« Des amis proches pensent que les agissements de Préval l’année passée (2008) découlent de sa peur réelle (…) de ne pas pouvoir retrouver une vie privée en Haïti après sa présidence, aurait écrit Janet Sanderson, l’ambassadrice des Etats-Unis en poste à l’époque à Port-au-Prince, dans un mémo envoyé à Washington. Les amis soutiennent que son principal objectif est d’orchestrer la transition politique de 2011 pour garantir que quiconque sera élu Président lui permettra de retourner chez lui librement. »
Le Président Préval avait confié, à plusieurs reprises, à la diplomate américaine l’administration américaine « qu’il était inquiet à propos de sa vie après la présidence, qu’il ne survivrait pas à un exil », poursuit WikiLeaks dans le deuxième article consacré au chef de l’Etat depuis les élections controversées du 28 novembre dernier. Lors d’une rencontre en septembre dernier avec Charles Henri Baker, candidat à la présidence, René Préval avait évoqué son appréhension de l’exil, de la chasse aux sorcières et la nécessité de la continuité dans la gestion de la chose publique.
Dans le premier article publié, WikiLeaks a campé un portrait peu complaisant de René Préval qui a été premier ministre de Jean-Bertrand Aristide en 1991 avant d’accéder à la magistrature suprême en 1996 et en 2006. L’ex-ambassadrice des Etats-Unis, selon WikiLeanks, présente René Préval comme un homme au « caractère de caméléon » avec qui la coopération s’est avérée « difficile ».
A deux mois de la fin de son mandat, la succession de René Préval parait encore indécise. Des « fraudes massives » en faveur de Jude Célestin, candidat de la plateforme présidentielle INITE, sont dénoncées par douze des 18 candidats à la présidence qui ne jurent que par l’annulation du scrutin. « Le pays sera ingouvernable si le Conseil Électoral Provisoire (CEP) n’annule pas les élections du 28 novembre dernier », a lancé Jacques-Edouard Alexis, un ex-premier ministre de René Préval et dissident de la plateforme INITE. Deux fois chef de gouvernement Alexis et plusieurs autres candidats a pris par, jeudi, à une manifestation de rues pour forcer l’annulation des élections marquées par des fraudes qui auraient été commises pour favoriser le dauphin du Président, Jude Célestin.
Un autre ancien ministre et conseiller de René Préval, Yves Cristalin, a réitéré son appel à l’annulation du scrutin. Se référant déjà des procès verbaux dont il dispose, le candidat à la présidence de l’organisation « LAVNI » a accusé formellement le gouvernement d’avoir financé la campagne du candidat officiel Jude Célestin. Yves Cristalin s’en prend également aux sondages du Bureau de recherches en informatique et développement social (BRIDES) sur les intentions de vote. Ces sondages, a dit l’ancien ministre des Affaires sociales, ont placé en bonne position « des candidats qui n’avaient rien à voir avec les aspirations profondes du peuple haïtien ».