Lors de sa venue aux Antilles en janvier dernier, pour présenter ses voeux, Nicolas Sarkozy avait rencontré les professionnels du tourisme et notamment de l’hôtellerie.A Petit-Bourg, dans la salle Laura Flessel, le Président de la République avait alors, d’après Nicolas Vion, Président du Groupement de l’hôtellerie et du tourisme de la Guadeloupe, « fait une déclaration majeure ». Déclaration suivie des faits puisque, ce lundi 21 février, le site internet du ministère de l’Outre-mer a annoncé le lancement d’une « mission de médiation sur la situation financière des structures hôtelières en Guadeloupe et Martinique ».
Cette mission a été confiée à Alain Bodon, nommé par François Baroin, ministre du Budget, porte parole du gouvernement ; Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-Mer ; et Frédéric Lefebvre, Secrétaire d’Etat au tourisme.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’inspecteur général des finances en charge du dossier est pour le moins attendu avec impatience par Nicolas Vion : « Il arrive quand ? Je t’attends ». Et de poursuivre : « C’est un financier, quand je vais l’avoir en face je vais pouvoir lui parler des charges. »
Car pour Monsieur Vion, c’est bien ce qui plombe l’essor touristique aux Antilles. Les charges. Pas que cela, bien entendu, mais tout de même.
« Aux Antilles, nous avons environ 46 % de charges à payer, alors qu’à Maurice par exemple elles sont de l’ordre de 26 % ! »
Et dans le détail ? « Il faut tout d’abord parler des 1 % de la masse salariale à reverser pour la taxe de transport urbain. Sur, par exemple, 450 000 euros de masse salariale annuelle cela représente 4 500 euros en plus à verser. Et quand on sait que ces sommes sont utilisées pour s’acheter un bâtiment plutôt que des bus… »
Remonté, le Nicolas Vion. Il enchaîne ensuite sur la TVA.
« Il se murmure que l’abattement de la TVA pour la restauration, passée de 8,5 % à 2,1 % (de 19,6 % à 5,5% en Métropole, NDLR), reviendrait à son taux d’origine dans le projet fiscal de 2012. Alors qu’en Guyane ou à Saint-Martin elle est de 0% ! » A noter que la TVA ne profite qu’à l’Etat, c’est un impôt indirect. Théoriquement, plus elle est haute moins elle permet aux professionnels de proposer des prix avantageux.
Toujours côtés taxes, Nicolas Vion devrait également interpeller Alain Bodon sur les charges salariales plus importantes ici que dans l’Hexagone : « Ici elles sont de 45 % contre 35 % en Métropole. A la différence du continent, nous sommes dans l’obligation de payer un 13e mois, plus 17 % d’ancienneté. Ici nous sommes à 35 heures (de travail par semaine, NDLR) et 16 jours chômés alors que là bas ils sont à 39 heures et huit jours chômés. »
La taxe de séjour devrait également être au programme des revendications : « Nous devrions avoir une taxe de séjour sur le réel et non au forfait. Il ne faut pas oublier que nous aussi nous sommes en activité saisonnière et que celle-ci dure du 25 décembre au 15 avril environ. Ou alors on fera comme à la montagne, on s’inscrira véritablement en activité saisonnière, et on fermera le reste de l’année, au détriment de l’emploi. »
Nicolas Vion ne s’arrête pas là. Pour lui il faut également aller plus loin dans la démarche de remplissage des avions. Certes, il se félicite que Roissy redevienne, à partir du 1er novembre prochain, aéroport de départ pour les Antilles. « Mais il n’y a qu’un avion par semaine lors qu’il en faudrait deux pour que notre résultat brut d’exploitation augmente de 20 %. Car actuellement nous sommes à 60 % de taux de remplissage alors que la Métropole est à 15 % supplémentaire et que les autres destinations de la Caraïbe sont à plus 25 %. »
Autre point, et ce ne sera sans doute pas le dernier, qui sera exposé à l’inspecteur général des finances, le travail au noir, ou autrement dit « l’économie informelle ». « Regardez sur les sites internet, les tables d’hôtes qui accueillent plus de 60 personnes. » Nicolas Vion vise ainsi certaines formules chez l’habitant qui ne seraient pas déclarées et qui porteraient préjudice aux professionnels.
Si comme l’explique le site internet de l’Outre-mer, « Alain Bodon pourra s’appuyer sur son expérience des questions financières, du secteur du tourisme et de l’Outre-mer pour mener à bien cette mission »… Il a du pain sur la planche et un délai de six mois pour mener à bien sa mission.
La venue d’Alain Bodon est motivée par la volonté de Nicolas Sarkozy, « qui a décidé d’engager des actions concrètes afin d’identifier les faiblesses de ce secteur et d’y apporter les réponses adéquates pour améliorer son attractivité et sa compétitivité. »
Nicolas Vion l’espère. Lui qui estime qu’à court termes de nombreuses mesures pourraient permettre « de doubler le nombre de touristes et d’emplois » dans le secteur. De quoi piloter Du grand tourisme.