Affaire Clifford Brandt : « le gouvernement savait… »


Clifford Brandt, la tête baissée au parquet


Le gouvernement savait quel gang avait enlevé Coralie et Nicolas Moscoso, mais choisissait de ne pas intervenir pour des raisons non élucidées, a révélé le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

« L’inspection générale de la Police nationale d’Haïti, le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique ainsi que le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique détiennent des informations relatives au cas d’enlèvement et savent qu’il s’agit d’une opération menée par le puissant gang dirigé par Clifford H. BRANDT. Cependant, ils choisissent de ne pas intervenir pour des raisons non élucidées », lit-on dans un rapport rendu public par l’organisation de défense des droits humains.

Face à ce laxisme, poursuit le rapport, une haute responsable de l’administration américaine, sollicitée par la famille des victimes, contacte les autorités haïtiennes et exige que le gouvernement haïtien apporte secours aux victimes. Ce n’est que suite à cette injonction que le Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN) fournit les informations relatives au dossier à la DCPJ et ordonne que suites nécessaires y soient données.

Rapidement, il est établi que l’homme d’affaires Clifford H. Brandt, membre d’une des plus riches familles du pays, est impliqué dans ce cas d’enlèvement suivi de séquestration contre rançon. Il en est même l’instigateur. Il est à la tête d’un gang considéré comme l’une des plus grandes associations de malfaiteurs du pays.

Le lendemain du double rapt, soit le 17 octobre 2012, poursuit le RNDDH dans son rapport, une plainte a été déposée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, informé formellement, ordonne la tenue d’une enquête célère. Le même jour, aux environs de minuit, les kidnappeurs prennent contact avec la famille Moscoso et réclament une rançon de deux millions cinq cent mille dollars américains contre la libération des victimes.

« À aucun moment Clifford H. Brandt ne comptait libérer ses victimes de peur que ces dernières ne puissent fournir les informations sur leur enlèvement et le lieu de leur séquestration. Il était donc planifié de les éliminer une fois la rançon empochée », poursuit le RNDDH qui a reconstitué les faits dans son long rapport.

L’enquête policière citée dans le rapport du RNDDH révèle l’implication de plusieurs agents de la PNH. Au total, quinze individus sont arrêtés et mis en détention pour enlèvement et séquestration contre rançon, trafic illégal d’armes à feu, faux et usage de faux, usurpation de titre, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes de guerre, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, menaces de mort. Le Responsable de CAT Team au Palais National, Marc-Arthur Phebe, figure parmi les policiers arrêtés. Ce dernier, selon le RNDDH, était aussi responsable de la sécurité de la famille Brandt ainsi que des usines. M. Phebe aurait sous ses ordres environ quatre vingt dix employés, dont quatre policiers. Il reçoit un revenu mensuel de deux cent vingt mille gourdes, soit un salaire supérieur à celui d’un ministre, pour un travail partiel.

Clifford H. Brandt, présenté comme le cerveau du gang, détenait une carte d’identification du Palais national à titre de conseiller du président, a encore révélé l’organisation de défense des droits humais dans un rapport rendu public.