Agression sexuelle : un chauffeur de taxi devant le tribunal


Un chauffeur de taxi de 47 ans comparaissait libre, jeudi, devant le tribunal correctionnel. Il est soupçonné d’avoir commis des attouchements sexuels, avec contrainte et surprise, sur sa fille mineure de 15 ans.

Jeudi 20 décembre, comparaissait devant la chambre foraine du tribunal correctionnel de Basse-Terre, à Saint-Martin, un homme accusé « d’agression sexuelle sur un mineur de 15 ans par un ascendant ». L’homme, un chauffeur de taxi de 47 ans, était défendu par Maître Patricia Chance Duzant. Le prévenu est soupçonné d’avoir commis des attouchements d’origine sexuelle, avec contrainte et surprise, sur sa fille mineure de 15 ans, en 2002 ou 2003, en 2010 et le 29 décembre 2011.

Dans un premier temps l’avocate de la défense a demandé la nullité de la procédure, car le prévenu « a toujours nié les faits » et au motif qu’à l’occasion de sa garde à vue, « il n’a pas eu la possibilité d’avoir un interprète, alors qu’il est anglophone et que, par conséquent, il ne connaissait pas ses droits ». A cela, le vice-procureur de la République a répondu : « ce n’est pas parce que quelqu’un nie que la procédure est nulle. »

La question de la langue a été au cœur de nombreuses discussions. Le prévenu était assisté d’un interprète et s’adressait à la cour en anglais. A une reprise, il a été pris à défaut, répondant dans un français correct à une question du tribunal.

Le vice-procureur de la République a, par conséquent, conclu à « la mauvaise foi du prévenu », ce à quoi la défense a répondu : « si un Saint-Martinois parle quelques mots de français, cela ne veut pas dire qu’il le comprend bien. »

« Ce jour-là, j’ai décidé qu’il devait arrêter de faire ça »

L’accusation de la jeune fille correspond à trois séries de faits. Le premier remonte à l'époque où’elle était âgée de 6 ou 7 ans, mais elle « ne se souvient plus très bien. » Son père lui aurait touché la poitrine. En octobre ou novembre 2010, le prévenu réitère. La victime se souvient, par contre, clairement de la date du dernier fait : le 29 décembre 2011. « Ce jour-là, j’ai décidé qu’il devait arrêter de faire ça. »

Le père nie les accusations et affirme avoir «juste pris sa fille dans les bras pour lui faire un câlin ». Une analyse psychologique du père et de la fille a été établie. Elle conclut que « l’homme n’est pas dangereux et n’est pas atteint d’une maladie psychologique qui l’empêche de répondre aux faits. » La psychologue considère que la fille possède « une personnalité équilibrée et qu’il semble vraisemblable, au vu de l’émotion dégagée, qu’elle souffre d’un trouble d’éclipse de conscience et qu’elle n’a pas menti. »

Un contexte familial difficile

Le père confirme à la barre être le père de 10 enfants, dont 6 filles, et avoir 4 maîtresses. Depuis que l’affaire a éclaté, les parents se croisent, mais ne se parlent pas. La mère dort avec ses filles. Le père avec ses fils.

Le vice-procureur de la République indique que « tout le monde dort sous le même toit, mais pas dans la même maison ». Il dresse le portrait d’un homme « qui n’a pas élevé sa fille et qu’il ne la regarde, par conséquent, pas comme son enfant, mais comme une femme ». Il requiert 18 mois d’emprisonnement avec sursis, 3 ans d’interdiction des droits civiques, civils et de famille, et une mise à l’épreuve de 2 ans.

L’avocate de la défense insiste sur le fait que « ce n’est pas un crime d’avoir une épouse et quatre maîtresses ». Elle affirme que « les pères antillais ne donnent pas beaucoup de câlins à leurs enfants. Et quand ils en donnent, cela devient suspicieux ». Elle demande la relaxe de son client. Le verdict sera rendu le 17 janvier.

Elyse BARBE