Aristide dans la tourmente de ses ex-protégés


L’ex président d’Haïti, Jean-Bertrand Aristide.


Des bénéficiaires d’une œuvre philanthropique de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide se rebellent contre lui. Une vingtaine des anciens pensionnaires de la "Lafanmi se lavi" déposent une plainte contre le prêtre défroqué, qui a été deux fois président de la République.

« Violences physiques, exploitation économique et utilisation de leur cause à des fins personnelles », tels sont les faits reprochés à celui qui a été appelé affectueusement et pendant longtemps « Titid » par les bénéficiaires de la fondation Lafanmi se lavi (la famille c’est la vie, en créole).

Les présumés victimes de l’ancien prêtre de l’église Saint-Jean Bosco ne font ni dans la dentelle ni dans l’informel. Ils déposent une plainte confirmée par le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Lucmane Délile. « La plainte sera analysée », a laconiquement indiqué le chef du Parquet.

Exactions en tout genre

Certains des plaignants estiment que le leader de Fanmi lavalas (nom d’un parti politique fondé par Aristide) s’est enrichi à leurs dépens. Aristide a commandité des agressions sur certains des bénéficiaires de sa fondation, au cours de protestations contre la violation de leurs droits, ont juré les plaignants dont l’un est physiquement mal en point, selon une description de Kiskeya, une radio privée de Port-au-Prince.

Sonny Thélusma alias Ti Sonny, l’un des anciens pensionnaires de Lafanmi se lavi, figure parmi les plaignants. Des responsables du parti de Jean-Bertrand Aristide, contactés par des médias de la capitale haïtienne, se sont gardés de réagir à la démarche des présumées victimes.

L'un des avocats de l’ancien chef de l’Etat, Me Camille Leblanc, assimile la démarche du groupe à une forme de diversion et à de la manipulation politique. L'éventuelle plainte pour exploitation financière ne tient pas debout, a dit Me Leblanc. "Savent-ils ce que ça coûte d'héberger, nourrir, blanchir et éduquer des dizaines d'enfants orphelins?", s’interroge l’ex-ministre de la Justice.