Lamothe booste la croisade anticorruption


Le premier ministre Lamothe (à droite) a rendu une visite surprise à l’ULCC

Le Premier ministre haïtien, Laurent Lamothe, a exprimé mercredi son très ferme appui à l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC). « La volonté politique existe au plus haut niveau », a tenu à rassurer le chef du gouvernement, à l'issue d'une visite surprise à l'institution qui traque les fonctionnaires mus par l'appât du gain.

Le Premier ministre Laurent Lamothe s'est rendu, mercredi, au siège central de l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC), pour apporter un message d'appui à l'institution qui fait le pari de sortir Haïti du peloton des pays les plus corrompus.

"La corruption demeure l'une des principales causes des problèmes auxquels le pays est confronté", a concédé le chef du gouvernement.

Une volonté politique affirmée

"La volonté politique existe au plus haut niveau du pouvoir exécutif pour lutter contre la corruption", a déclaré le Premier ministre, à l'issue de sa visite surprise à l'ULCC. "Nous ne tolérerons pas la corruption dans l'administration publique", a lancé Laurent Lamothe, qui a profité de sa visite pour s'informer de l'évolution des cas traités par l'ULCC, parti en croisade contre le détournement de fonds, le blanchiment d'argent et la corruption.

Une cinquantaine de cas de corruption sont en cours de traitement à l'ULCC, selon des chiffres cités par M. Lamothe. "Une vingtaine d'autres cas avérés de corruption ont été acheminés aux parquets de diverses juridictions, notamment Port-au-Prince, Saint-Marc et Port-de-Paix", a ajouté Antoine Atouriste, le directeur général de l'ULCC.

Des balises pour le PSUGO

Interrogé par des journalistes sur la longue liste d'écoles fictives découvertes dans l'exécution du Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO), le Premier ministre a annoncé des balises et de nouvelles mesures pour la suite dudit programme.

"Dans tous les programmes gouvernementaux tant en Haïti qu'à l'étranger, il y a des cas de corruption", a indiqué M. Lamothe. "Notre rôle, dit-il, est de mettre des balises pour parvenir à un contrôle efficace du programme. De nouvelles écoles seront intégrées au PSUGO, pour remplacer les institutions scolaires fictives ou carrément écartées suite à des cas de malversation", a annoncé le chef du gouvernement, suite à la découverte d'une liste de 766 écoles fictives pour s'approprier des fonds publics.

Des discussions sont en cours avec des institutions financières, dont Western Union, Unibank et Sogebank, pour sécuriser les paiements nécessaires au programme d'éducation gratuite", a également annoncé M. Lamothe.

Le directeur général de l'ULCC a, pour sa part, informé de la création de 12 nouvelles brigades-mixtes pour vérifier, école par école, les bases de données constituées dans le cadre de l'exécution du PSUGO. "Quatre directeurs d'écoles fictives ont été récemment arrêtés", a tenu à rappeler le colonel Atouriste.

Il s'est réjoui de la décision prise pour restituer au Trésor public plus 116 millions de gourdes, préalablement destinées au PSUGO. Cette somme a été détournée par des individus malintentionnés, a fait savoir la Primature.

Le cas de la CAS

Le patron de l'ULCC a, par ailleurs, confirmé deux arrestations, dans le cadre d'une enquête menée à la Caisse d'assistance sociale (CAS). La signature de Hérold Israël, le directeur de la CAS à l'époque, a été imitée par un réseau de faussaires pour détourner 135 chèques de 1 000 gourdes chacun.

"Dans ce cas de détournement, il n'y a eu aucune implication quelconque de M. Israël, qui a lui-même demandé à l'ULCC de diligenter l'enquête, suite à une alerte de la Banque de la République d'Haïti", a fait savoir M. Atouriste, qui répondait aux questions de radio Kiskeya.

Quant aux personnes sous les verrous, il revient à la justice d'établir leur culpabilité ou pas."

Déclaration de patrimoine

Pour mieux supporter l'ULCC dans la croisade anticorruption, Laurent Lamothe encourage les deux seuls ministres de son gouvernement qui n'ont pas décidé encore de souscrire à cette obligation constitutionnelle à le faire.

Le même message est aussi lancé par le Premier ministre à 25 directeurs généraux de la fonction publique, qui tardent à déclarer leur patrimoine. "Ils devront imiter le président Michel Martelly et moi qui avons répondu à cette exigence", a déclaré Lamothe.

Jusque-là, les parlementaires sont les plus réticents à respecter la loi sur la déclaration de patrimoine, qui a été pourtant votée par le corps législatif.

Députés et sénateurs continuent, cependant, de voter la loi anticorruption déposée au Parlement par l'ULCC.

Claude GILLES