Le président Martelly (à droite) et son Premier ministre Lamothe ont commémoré le 209ème anniversaire de l’indépandance nationale aux Gonaïves
Le gouvernement haïtien n’aurait pas été refroidi après l’annonce du gel de l’aide canadienne à la demi-île caribéenne. Haïti tourne progressivement la page du meurtrier séisme de janvier 2010. "Le trésor public n’a pas un centime du Canada", a réagi le gouvernement haïtien à la fracassante annonce de Julian Fantino, ministre canadien de la Coopération internationale.
La ministre de l’Economie et des Finances d’Haïti, Marie-Carmelle Jean-Marie, n'y va pas avec le dos de la cuillère, en réagissant à la décision du Canada de mettre dans la glace tous les fonds destinés aux nouveaux projets en Haïti. Le temps, selon Ottawa, de déterminer une approche plus efficace qui permettrait aux Haïtien de se prendre en main.
« Je n’ai pas une gourde du gouvernement canadien dans mon budget, ni à titre d’appui budgétaire, ni à titre de projets financés par des dons », a indiqué la ministre Jean-Marie. L’Agence canadienne de développement international (ACDI), dit-elle, finance effectivement certaines assistances techniques pour Haïti. Mais ces assistances, tient à préciser le ministre de l’Economie et des Finances, sont assurées par des firmes canadiennes. « Aucune firme haïtienne n’en bénéficie », a encore précisé la ministre, quelques heures après la fracassante annonce du gel de l’aide canadienne.
Repenser la distribution de l'aide
« Ces fonds ne rentrent pas dans le Trésor public, ni dans le secteur privé. Donc, s’ils jugent que les fonds de l’ACDI sont mal gérés, cela ne concerne en rien l’Etat haïtien. Ils doivent diligenter leur propre audit sur des firmes chez eux, qui travaillent en Haïti… », a déclaré la ministre, qui intervenait vendredi sur les ondes de Magik 9, une radio privée d’Haïti.
La veille, Julian Fantino a indiqué que « depuis 2006, le Canada a versé environ 1 milliard de dollars à Haïti ». Le fait est qu'Haïti est toujours en mauvais état, a déploré le ministre canadienne de la Coopération internationale, qui a récemment visité le pays, ravagé début 2010 par un violent séisme de magnitude 7,3. « Et on va à côté, en République dominicaine, et les choses vont beaucoup mieux », a comparé M. Fantino.
« Allons-nous continuer à faire la même chose de la même manière en Haïti? », s’interroge-t-il perplexe. En mois d’une seconde, le ministre a donné une réponse à la troublante question : « Je ne pense pas ! Parce que nous n'obtenons pas le progrès auquel les Canadiens sont en droit de s'attendre. »
En conclusion, le ministre de la Coopération internationale a tranché : « les fonds destinés aux nouveaux projets pour Haïti ont donc été gelés, en attendant de décider des prochaines étapes. » Cette décision est loin de faire plaisir à l'ancienne gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean. L’Haïtienne d’origine espère que la décision de l'ACDI ne sera que temporaire.
Tout en reconnaissant que les pays donateurs doivent repenser la manière de distribuer l'argent pour être plus efficace, l'envoyée spéciale de l'UNESCO en Haïti s'inquiète des conséquences de cette décision.