Martelly pense à réduire le mandat de 10 sénateurs


Le président Martelly (à gauche) et les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, respectivement Jean Tholbert Alexis et Simon Dieuseul Desras.


Des parlementaires sont en colère depuis que le président Michel Martelly a émis l’idée de réduire d’un an le mandat des 10 sénateurs issus des législatives de 2009. L'affaire a été évoquée lors d'une rencontre plutôt houleuse, mardi, entre le chef de l'État et plusieurs parlementaires, dont le président du Sénat, Dieuseul Simon Desras.

Le sénateur Wenceslas Lambert, proche du président Michel Martelly, a été le premier à monter au créneau. "Aucun jour ne sera enlevé de mon mandat de six ans, qui prendra fin le 2e lundi de janvier 2015", a lancé le parlementaire, dont le frère, Joseph Lambert (ex-sénateur), est conseillé politique du chef de l’État. Le sénateur du Sud-Est croit que "le pays sera plongé dans un véritable chaos au cas où une telle mesure serait adoptée".

"Une très mauvaise voie"

Les sénateurs n'ont pas à négocier la durée de leur mandat avec quiconque, a réagi le sénateur Simon Dieuseul Desras, président du Grand corps. "Ce sont des élus du peuple… Si on veut remettre en question leur mandat, il faut le faire pour tout autre élu du peuple, comme le président de la République d'ailleurs", a fait savoir Desras. Le président Martelly, a-t-il expliqué, s'est basé sur l'article 231 de la loi électorale de 2008. "Je lui ai pourtant dit qu'il a pris une très mauvaise voie en voulant appliquer cet article."

Ce n'est certes pas le sénateur Moïse Jean-Charles, ennemi juré du président Martelly, que cette mesure étonnera. "Martelly peut faire n'importe quoi, tempête l'élu de l'INITE, qui n'entend pas partager son pouvoir. Martelly qui, soit dit en passant se passe de présentation, prouve de plus en plus son mépris pour la loi, la Constitution et les acquis démocratiques. C'est dans le but de classer définitivement le dossier de Moïse Jean-Charles, qu'une telle décision est envisagée. Le président Martelly doit savoir que cela ne peut en aucune manière m'intimider… S'il veut que je ne le critique plus, il n'a qu'à bien se conformer."