Accidents à la cantine : les parents demandent plus de surveillants

Le manque d’encadrement à la pause méridienne est à nouveau mis en cause, en raison de deux accidents graves survenus dans les dernières semaines dans des établissements d’enseignement public sur l’île.

Deux accidents graves se sont produits, ces dernières semaines, dans des écoles publiques de Saint-Martin, à la pause de midi.

Une lettre envoyée par les parents d’un des élèves concernés au président de la Collectivité a été transmise par eux, au Pélican. Elle raconte en substance les faits : «le 5 février, à l’école Emile Choisy, notre fils âgé de 10 ans s’est fait étrangler avec une corde à sauter par un autre élève pendant la pause méridienne. Cet événement, qui aurait pu avoir de lourdes conséquences, met en évidence le défaut de surveillance dans cette école. »

Une carence préoccupante

Jeudi dernier, c’est un élève de l’école Nina Duverly qui, suite à sa chute d’un muret (contrairement à la rumeur, il n’est pas tombé du 1er étage), a été évacué en urgence vers le CHU de Pointe-à-Pitre, en raison d’une hémorragie interne.

Les parents de l’élève d’Emile Choisy ajoutent dans leur lettre : « une seule et unique personne doit gérer environ 300 enfants, entre 12h et 13h20, ce qui est inadmissible et humainement impossible. »

Déjà, à la rentrée scolaire dernière, le Pélican soulevait ce problème, via le témoignage d’une employée de la CTOS, qui avait tenu à rester anonyme. Elle dressait un triste bilan de la première pause déjeuner de l’année à Grand Case. Trois élèves étaient sortis de l’école et une avait été blessée.

« Je ne m’explique pas comment ça a pu se produire », affirmait l’employée. Elle poursuivait : « c’est le bazar absolu. Les enfants s’agglutinent à la porte de la cantine. Il y en a qui poussent. Il y a des mouvements de foule. C’est très inquiétant ! »

« On ne veut pas de mort dans notre école ! »

Apparemment, la situation à Grand-Case semble s’être stabilisée, mais le danger reste prégnant dans les cours des écoles publiques à l’heure de midi. Une enseignante à Emile Choisy explique que ce n’est pas dans ses habitudes de s’exprimer, mais qu’avec d’autres enseignants, ils ont décidé de le faire. « Nous sommes inquiets, ça devient dangereux et on ne veut pas de mort dans notre école ! »

Elle précise que l’affaire de strangulation du jeune élève de CM2, n’est qu’un fait marquant parmi tant d’autres. En effet, elle raconte : « j’ai dans ma classe de CP une petite dont j’ai vu le comportement changer. Je m’en suis inquiétée. Je suis donc restée à l’heure de la cantine et je me suis rendue compte qu’elle était harcelée par des plus grands, qui lui volaient ses repas. Elle ne mangeait donc pas. »

Elle met cependant en exergue le travail « exemplaire » de la personne en charge de la surveillance à la pause méridienne, qui « vit un enfer » car « elle est toute seule à gérer ça. »

« Nous avons alerté les autorités, mais personne ne bouge. Tout le monde se renvoie la balle », regrette-t-elle. « Il existe une liste d’employés de la CTOS (caisse territoriale des œuvres scolaires) qui doivent venir travailler à Emile Choisy, mais qui ne viennent pas », affirme-t-elle.

Eviter l'oisiveté le midi

De son côté, Elisabeth Tabarli, la directrice de la CTOS, réagit : « cet accident est regrettable. Nous savons que nous avons un problème de surveillance le midi. Les encadrements dans le cadre du périscolaire sont réglementés, mais sur le temps de la pause méridienne, c’est le flou artistique. »

Elle renchérit : « c’est notre préoccupation première. » Elle insiste cependant sur le fait que « certains accidents ne sont pas forcément liés à des défauts de surveillance. » « Nous ne pouvons pas mettre un animateur derrière chaque enfant. Malheureusement, on ne peut pas tout prévoir et c’est déplorable. »

Elle se veut cependant rassurante : « ça va changer avec la refonte des rythmes scolaires. Il y aura dorénavant deux heures de pause méridienne. C’est l'un des objectifs de la CTOS de remettre en place des activités de loisir, pour éviter l’oisiveté à l’heure de midi. » 

Elyse BARBE