Elle court, elle court, la rumeur…

FISH DAY. Cul-de-Sac. Alors que les politiques se fendent tour à tour de diatribes émues, les autorités compétentes en matière de justice et de sécurité ont choisi le silence.

Dans l'affaire des "débordements de violence" après le Fish Day, c'est le silence qui prévaut. À juste titre, peut-être. Pour les besoins de l’enquête, sans doute. La presse n’a pu récolter que des bribes d’informations officielles, souvent laconiques, via deux communiqués redondants lundi dernier. L’un de la gendarmerie, l’autre de la préfecture.

Cependant, chacun sait bien qu’à Saint-Martin, le bouche à oreille se répand rapidement. L’île est petite et tout le monde sait tout, tout de suite et encore mieux que les autres. Depuis les violences à Quartier d’Orléans, il y a quelques semaines, les journalistes attendent un communiqué des forces de l’ordre. En vain. Alors la rumeur enfle, les langues se délient pour dire tout et n’importe quoi. Quelques vérités sans doute et pas mal de surenchère.

Une guerre des gangs ?

Dans l’escalade de violences que connaît l'île, tout serait lié, l’affaire à Quartier, la bagarre de Grand-Case, la jeune femme passée à tabac sur la baie Orientale et bien sûr, la fusillade du Fish Day. Un jeune homme aurait été poignardé sept fois devant le lycée, une autre fusillade aurait eu lieu sur le parking de l’hôpital, la jeune femme blessée au Fish Day s’appellerait Sylvie, elle serait morte, puis enceinte… Le jeune homme tué au Fish Day était, lui aussi, armé.

On raconte que c’est une guerre de gangs, que ces jeunes montent en grade s'ils tuent, qu’ils sont davantage respectés. On raconte aussi que, si ces jeunes sèment la terreur, c’est parce qu’il n’y a pas de prison et qu’en Guadeloupe, il n’y a plus de places… On raconte tout et n’importe quoi. Et la peur monte.

Chez les mères de familles qui ne veulent plus envoyer leurs fils au lycée, chez les autres qui ne veulent plus sortir dans les lieux publics, chez ceux qui imaginent que tout est de leur faute. L’ignorance engendre la peur, c’est un lieu commun. Et la peur provoque des comportements irrationnels…

Un éclairage s’impose.

Lannig STERVINOU