Grand-Case : les deux-roues insupportent

Voici plus d’un mois que la gendarmerie reçoit quotidiennement des plaintes de Grand-Casiens, excédés par les nuisances sonores provoquées par des jeunes circulant en deux-roues. La situation, qui mobilise sans cesse les forces de l’ordre alors que d’autres urgences sont à traiter, met aussi en danger les passants, dont les enfants.

Grand-Case n’est certes pas le seul quartier concerné par ce type d’incivilités, mais depuis plus d’un mois, les appels à la gendarmerie sont quotidiens, si bien que les limites du supportable semblent atteintes. Le problème perdure et se répète chaque jour. 

Les nuisances se multiplient

Après la série de vols à l’arraché au printemps, à laquelle les gendarmes ont mis un terme grâce au déploiement de patrouilles supplémentaires, après l’opération "coup de poing" menée avec l’hélicoptère, après le caillassage des gendarmes début juillet, Grand-Case ne retrouve décidément pas la tranquillité que l’on espère d’un village de pêcheurs drainant la majorité de nos touristes.

Depuis quelques semaines, les nuisances provoquées par les deux-roues se multiplient particulièrement. Pétarades de moteur, conduites dangereuses, sans casque, sans phares, ni plaques d’immatriculation…

Exaspération des riverains

La scène, loin d’être atypique sur l’île, se rejoue quotidiennement à Grand-Case, au point d’exaspérer totalement les riverains : « un dimanche début juillet, nous étions plus de 70 à téléphoner à la gendarmerie », précise l’un deux, particulièrement inquiet du comportement d’un individu à moto : « il y a de la provocation, car il fait du rodéo sur sa roue arrière et s’amuse spécifiquement entre minuit et deux heures du matin, en laissant tourner son moteur ». 

Pour les forces de l’ordre, « ces nuisances sont le fait d’un seul et même groupe de jeunes parfaitement ciblés ».  Soit 4 à 5 individus, coutumiers des faits et déjà repérés.

Etablir un dialogue

Le commandant Paul Betaille, qui se dit « mobilisé sur ce problème », estime qu’ « il serait bon qu’un dialogue soit établi entre les jeunes et le Conseil de Quartier numéro 2 ». Une communication nécessaire, puisque la présence renforcée des gendarmes, qui exercent une certaine pression, ne suffit plus. 

« On ne peut pas travailler seuls », précise le chef d’escadron, persuadé que tout le quartier doit se concerter. S’il est évident que les gendarmes ne peuvent décemment pas se mobiliser continuellement sur le seul village de Grand-Case, au détriment des autres secteurs, se pose tout de même la question de la dangerosité des comportements observés en pleine journée, alors que des enfants sont susceptibles de traverser la rue à tout moment.

Attend-t-on l’accident pour agir ?  Membre du conseil de quartier numéro 2, l’avocate Patricia Chance-Duzant a sa propre théorie sur le bruit à Grand-Case : « si l’on souhaite que les jeunes prennent conscience de ce qu’ils font, les adultes doivent montrer l’exemple. Je pense à certains établissements de nuit qui diffusent de la musique alors qu’ils n’ont pas d’autorisation, ou encore aux jet-ski qui pénètrent la zone non autorisée et font vrombir leur moteur sur la plage ».

Une chose est sûre, le Conseil de quartier ne pourra faire l’impasse sur cette question d’incivilités à deux-roues lors de sa prochaine réunion. Reste à bien définir les termes du dialogue avec les jeunes en question : le 5 juillet, l’intervention des gendarmes, suite à des plaintes pour nuisances sonores, s’était soldée par un caillassage, blessant une passante.  

Delphine GAVACH