Trois ans après le séisme, Haïti sort la tête des décombres


Une cérémonie en mémoire des victimes à Morne Saint-Benoit


Haïti a commémoré samedi le troisième anniversaire du séisme qui a causé la mort de quelque 300 000 personnes et jeté un million et demi de sans-abris dans les rues. Le pays relève la tête malgré les difficultés, estime Michel Martelly, président de la République.  

"Je m’incline en souvenir des victimes. J’entends encore cet immense cri de douleur des familles amputées… Mais essuyez vos larmes ! Je veux vous exprimer ma compassion, je veux vous dire mes regrets", a déclaré le président Michel Joseph Martelly, dans une courte allocution à l’occasion du troisième anniversaire du séisme, commémoré dans la sobriété à Port-au-Prince.

S’adressant aux sinistrés habitant encore des camps de fortune, le chef de l’Etat a appelé à la patience. Des 1,5 million de personnes contraintes de vivre, certaines depuis 3 ans, dans les camps de fortune environ 400 000 sont à reloger. Grâce à la politique appliquée par le gouvernement et au soutien financier de la communauté internationale, a-t-il indiqué, 700 000 autres ont pu sortir des tentes pour retrouver une vie en famille.

"Mentir aux vivants comme aux morts"

A l’occasion du troisième anniversaire de la plus grande catastrophe naturelle qu’a connue le pays de la Caraïbe, une première cérémonie a été organisée en mémoire des victimes, au Palais national.

Une offrande florale a été effectuée, en un second temps, en mémoire des disparus par le chef de l’Etat, accompagné de son épouse, Sophia Martelly, du Premier ministre Laurent Lamothe et de l'ancien président des Etats-Unis, Bill Clinton, à Morne Saint-Benoît (au nord de Port-au-Prince), où des dizaines de milliers de cadavres ont été inhumés dans des fausses communes.

Le jour même, Michel Martelly a annoncé un concours d’architecture en vue de l’érection d’un mémorial. C’est la deuxième promesse de mémorial aux victimes de la tragédie faite par un chef d’Etat.

Deux ans après la pose symbolique de la première pierre par le désormais ex-président René Préval, annonçant la construction d’un mémorial sur le site de l’ancien siège de la Direction générale des impôts – presqu’en face du palais présidentiel –, Michel Martelly a récemment annoncé un autre projet. Celui des locaux du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales.

Ce qui pousse "Le Nouvelliste", l’unique quotidien d’Haïti, à écrire : "Ici on ment. Aux vivants comme aux morts. Aux morts encore plus". Le monument promis, il y a un an, par le président Michel Martelly à la mémoire des 300 000 disparus "est encore dans les limbes", déplore le journal. Sur le site où il devait être érigé, à Morne Saint-Benoit, il n’y a que la grosse pierre.