Grève : les transporteurs organisent le blocus routier


Un trafic routier profondément perturbé par la grève des transporteurs martiniquais.

Les professionnels martiniquais du transport ont frappé fort sur la table sociale, en ce début de semaine. Après l'échec d'une première séance de négociations, au sujet du “paquet routier européen” qui leur est imposé, le bras de fer entamé avec le Conseil général se poursuit désormais dans la rue, plus précisément sur les routes où de nombreux barrages filtrants ont sérieusement perturbé le trafic, au grand dam des usagers, partagés entre colère et consternation.

Les nouvelles réglementations européennes en matière de transports n'ont pas l'heur de plaire aux transporteurs martiniquais. C'est le moins que l'on puisse en dire, après le vaste mouvement de grogne unitaire manifesté par le secteur, dès lundi, après quelques échanges aigres-doux entre représentants de l'USET (union syndicale des entrepreneurs de transport), le secrétaire général de la préfecture, Philippe Maffre, en présence d'Eric Legrigeois, le directeur de la DEAL (direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement).

Le “Paquet routier européen”, pomme de discorde

Les professionnels locaux du transport de personnes comme de marchandises sont en effet confrontés aux injonctions d'un “Paquet routier” imposé par Bruxelles, censé réglementer les nouvelles conditions d'accès à la profession. Ce “Paquet” contraignant, très mal reçu en Outre-mer, les soumet à une quadruple exigence européenne, en matière de déclaration annuelle obligatoire : sur leur statut d'entreprise inscrite au Registre des transports (tenu par la Préfecture et géré par la DEAL), sur leur honorabilité professionnelle, sur leur capacité professionnelle, mais aussi et surtout, sur leur capacité financière à assurer la viabilité de leur entreprise.

C'est d'ailleurs sur cette ultime exigence que le bât blesse et que la pomme de discorde se transforme en poire d'angoisse, pour des professionnels majoritairement plus que cinquantenaires (taximen compris). Ceux-ci peinent encore à apprécier, justement, ladite capacité financière requise pour l'accès désormais très réglementé à une licence professionnelle, seul viatique les autorisant désormais à 10 années d'exercice (contre 5 antérieurement) de leur profession.

Déjà, s'indignent-ils, de nombreux professionnels auraient perdu leur autorisation d'exercer, depuis l'entrée en vigueur de cette directive européenne, fin 2011.

Ce Paquet routier “a déjà été adapté à la Martinique”, fait pourtant valoir Philippe Maffre, au nom de la préfecture, qui se prévaut d'avoir déjà acté trois points d'accord avec les professionnels affiliés à l'USET.

Les transporteurs en grève exigent maintenant d'être reçus par des représentants du Conseil général (autorité décentralisée organisatrice du secteur) – qu'ils accusent de “continuer à faire l'autruche” sur le sujet – et de la Région Martinique. Sous peine de prolonger un blocus routier particulièrement pénalisant pour les usagers jetés en plein cauchemar, sans parler des entrepreneurs locaux entrés plus que jamais “en résistance” face aux coups de boutoir donnés tous azimuts à une économie martiniquaise en pleine récession généralisée.