« La corruption pire que le sida »


Le directeur de l’ULCC, Antoine Atouriste (debout), en conférence de presse.


En stabilisant le taux de prévalence à 2,5%, Haïti est considéré comme un "success story" dans la lutte contre le VIH/Sida. Incapable de faire autant dans la lutte contre la corruption qui gangrène ses institutions, la moitié-île caribéenne stagne dans le "top 10" des pays les corrompus.

"La corruption est pire que le sida dont le taux de prévalence s'est stabilisé à environ 2,5% en Haïti", se lamente le directeur de l’Unité de lutte contre la corruption, Antoine Atouriste, au lendemain de la publication du rapport annuel de Transparency International sur la perception de la corruption. Haïti est classé 165e sur 176 pays. Cette performance est pourtant meilleure par rapport à l’année antérieure.

Dans le peloton de la honte

Loin d’être satisfait du meilleur score qu’a réalisé le pays cette année dans le classement élaboré par Transparency International, M. Atouriste a informé que des mesures seront prises l’année prochaine pour sortir Haïti du "peloton de la honte".  

Le score actuel du pays perçu comme le plus corrompu de la Caraïbe est de 19 sur 100. L’indice actuel, dit-il, dérange le pays, qui espère accueillir des investisseurs internationaux. " Atteindre le score de 45 sur 100 en 2015", tel que prévu dans la Stratégie nationale de lutte contre la corruption. Pour y parvenir, le patron de l’ULCC s’est inspiré du thème "Agissons maintenant contre la corruption", choisi par les Nations unies pour marquer, ce 9 décembre, la Journée internationale de lutte contre la corruption, pour lancer "un appel tous azimuts".

Un fléau national

La corruption, a-t-il ajouté, est un fléau qui mérite une réponse concertée du gouvernement, du Parlement, des juges, de la société civile, des médias et du secteur privé des affaires. Si le taux de séroprévalence du VIH/sida a pu diminuer en Haïti, c’est grâce à un partenariat public-privé, a mis en avant celui qui est à la tête de  l’ULCC depuis février 2012. Un tel partenariat, a-t-il dit, est souhaitable dans la lutte contre la corruption. Il espère au plus vite le vote de trois projets de loi sur la prévention et la répression de la corruption qui traîne au Parlement depuis plusieurs années.

Antoine Atouriste espère également que les juges agiront selon la loi et leur conscience dans les cas de corruption transférés à différents parquets du pays. Il dit avoir acheminé 19 cas de corruption avérés à différents parquets de la République. De ces cas, aucun procès ni aucune condamnation n’a encore eu lieu.

Claude GILLES