Cérémonie de lancement du CAED
Pour une gestion et une coordination plus efficace de l’aide externe au développement, Haïti s’est donné d’une nouvelle structure. Sous les cendres de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) que dirigeait Bill Clinton ?
Le cadre de Coordination de l'aide externe au Développement (CAED) a été lancé, lundi, au Karibe Convention center par le président Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe. Cette nouvelle structure, qui serait la remplaçante de la désormais ancienne Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), se veut un mécanisme de concertation permanent et régulier entre le gouvernement haïtien et ses partenaires. C’est un mécanisme à partir duquel seront mieux intégrés les efforts et les investissements consentis pour assister le pays.
Trois niveaux d'intervention
Proposé par le ministère de la Planification et de la Coopération Externe, le CAED, qui s’articule autour de trois niveaux (stratégique, sectoriel et territorial), se fixe pour objectif général de mettre sur pied des modes de fonctionnement permettant à l’aide externe d’appuyer les priorités de développement économique et social de la République d’Haïti à travers :
· Le leadership responsable du Gouvernement et l’engagement politique des bailleurs à le supporter pour une meilleure coordination de l’aide externe ;
· L’adhésion des partenaires techniques et financiers aux objectifs stratégiques de développement et programmes ou projets d’investissement du Gouvernement ;
· Le renforcement des capacités institutionnelles de gestion du développement du pays, et la coordination entre tous les acteurs concernés.
Coopération, égalité, justice
« Ce cadre de coopération est très ambitieux et je m’en félicite. Il peut apparaître complexe et peut-être trop lourd à porter. Personnellement, je suis convaincu qu’il a le format adéquat et qu’il est conforme à nos ambitions élevées, mais je veux aussi penser que nous saurons tous ensemble l’adapter si nécessaire à nos besoins réciproques, dans un processus continu d’évaluation de ses performances », a déclaré le Chef de l’Etat, en présence d’un parterre d’officiels haïtiens, de représentants des pays amis d’Haïti et d’agences internationales intervenant dans le pays et de journalistes, entre autres.
Le Président Martelly en a profité pour féliciter tous les acteurs et partenaires de la coopération internationale qui accompagnent son administration sur les chantiers de la reconstruction et du développement d’Haïti. Il a aussi souligné le rôle essentiel des élus locaux, de la société civile, des collectivités locales et du secteur privé dans l’émergence de notre économie et l’avènement d’une société plus égalitaire et plus juste.
Président insatisfait
Le Président de la République a toutefois souligné que le bilan de l’aide considérable apportée à Haïti, depuis tant d’années, par les partenaires internationaux, les Etats amis, les grandes organisations non gouvernementales, demeure jusqu’ici insatisfaisant. « Nous en portons tous la responsabilité, alors que les phénomènes liés à l’extrême pauvreté et à la vulnérabilité d’une majorité de nos concitoyens nous interpellent et nous imposent un sursaut qualitatif d’efficacité et de performance », a dit le Chef de l’Etat.
Entre 2010 et 2012, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, au titre de l’aide humanitaire et au développement, ont reporté 8,17 milliards de dollars américains d’engagements effectifs dans le Module de gestion de l’Aide externe. Selon les données officielles, 75% de ces engagements ont été reportés sur l’année 2010, avec près de 21% des engagements totaux reportés sur des activités humanitaires sur la période 2010-2012.
Etat émergent en 2030
« L'objectif est qu'Haïti devienne un pays émergent en 2030… Le pays a donc besoin de moyens financiers pour son développement », a indiqué le Premier Ministre, en félicitant les acteurs qui ont contribué à l'aboutissement du CAED.
« L’harmonisation des efforts qui découlera de l’application de ce cadre contribuera très certainement à donner à la politique de progrès et de développement que je suis en train d’implanter, son maximum d’efficacité, nous permettant d’émerger enfin du sous-développement et de donner sa chance à chacun de nos enfants. Ce jour-là, nous fêterons ensemble, car cette réussite sera tout autant la nôtre, que celle de nos amis et partenaires », reste convaincu le Président de la République, persuadé que le cadre proposé aujourd’hui constitue une réponse pertinente à cette question lancinante du sevrage de l’aide.