Un arrêté préfectoral autorise la reprise d’un épandage aérien « encadré »

La préfète de Région a signé le 29 avril un arrêté autorisant à nouveau l'épandage aérien, mais sur des zones "encadrées" selon un nouveau dispositif de contrôle et de surveillance visant à garantir le strict respect des normes sanitaires… La grogne des environnementalistes ne s'est pas pour autant démentie.

Marcelle Pierrot a “pris ses responsabilités” : le nouvel arrêté préfectoral dont elle a pris l'initiative autorise à nouveau, depuis lundi, l'épandage aérien sur les bananeraies. Une décision qui sonne le glas des espoirs émis par le front mobilisé des environnementalistes, résolument hostiles à une mesure dont ils avaient, à deux reprises, obtenu l'invalidation auprès du tribunal administratif.

Par son arrêt en date du 10 décembre 2012, le tribunal administratif avait, en effet, fait droit à leurs revendications en annulant deux arrêts préfectoraux antérieurs, autorisant l'épandage de façon "dérogatoire". Des dérogations qui ont la vie trop dure, aux yeux des associations farouchement déterminées à obtenir l'abandon pur et simple d'une pratique qui, au nom de seuls intérêts économiques "catégoriels", mettent en danger les populations concernées, victimes à leur insu de cette pollution sanitaire "intolérable".

Un épandage dûment "encadré" ?

La préfète de Région, consciente de cet antagonisme potentiellement explosif, s'est cependant voulu rassurante : "les produits utilisés [pour l'épandage] sont phytopharmaceutiques et bénéficient d'une autorisation de mise sur le marché". De surcroît, cette autorisation "encadrée" sera circonscrite aux seules zones exclues de la nouvelle carte des ZITA (zones d'interdiction de traitement aérien) mise en place. Ces ZITA sont désormais au nombre de 550 (500 antérieurement). Ce périmètre étendu de protection, rigoureusement contrôlé, comprend les zones habitées, les parcelles de bananeraires contenant de jeunes plants, les cours d'eau et l'ensemble du Parc national.

Pas de quoi, pour l'heure, surmonter les craintes des "environnementalistes", pour lesquels les mesures de contrôle et de surveillance, justement, des périmètres soumis à épandage étaient notoirement insuffisantes, voire sujettes à "suspicion légitime", car excluant, de fait, tout "principe de précaution" imposable à tous.

Pourtant, le nouveau dispositif mis en place entend multiplier les précautions, en matière de modalités d'épandage : à bord des aéronefs "épandeurs", un système de géolocalisation est prévu pour une "coupure automatique" de l'arrosage des pesticides, dès lors qu'une ZITA est décelée sur le plan de vol. En outre, l'interdiction d'épandage reprend ses droits dès lors que les conditions météorologiques et climatiques sont jugées "défavorables" (!). Enfin, l'Agence régionale de santé est chargée d'une surveillance régulière et drastique, à partir d'un "point zéro" établi par ses soins.

"La guerre"

Un dispositif qui sonne pourtant comme l'aveu, à l'oreille des opposants mobilisés, d'une recherche de compromis fragile entre respect de la santé publique, protection de l'environnement et sauvegarde "d'impératifs économiques" potentiellement mortifères pour les emplois induits mis en avant par les bananiers…

D'actives recherches agronomiques (via l'INRA) sont certes mises en œuvre pour "fabriquer" des variétés de bananiers plus résistantes à la cercosporiose noire, l'ennemi mortel des bananiers caribéens – et singulièrement antillais – qui la brandissent comme la "menace ultime" sur la survie même de la filière, et des emplois associés.

Mais aucun calendrier prévisionnel d'achèvement n'est possible…

Quant au front des recherches entreprises pour trouver un substitut techniquement fiable à l'épandage aérien – et économiquement moins budgétivore – il en est, pour l'heure, à tester "un prototype d'espérances positives" pour un avenir encore difficile à cerner.

Pas de quoi réjouir donc, ni calmer les ardeurs des "environnementalistes", qui promettent déjà "la guerre" aux épandeurs-fossoyeurs de santé humaine… avec un retour annoncé des recours au tribunal administratif, promu seul arbitre de paix légitime en cette turbulente matière…

Daniel ROLLÉ