« Aristide n’a pas été auditionné »


Manifestation de solidarité à l’ex-président Aristide


Jean-Bertrand Aristide n’a pas été auditionné par le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, selon le conseil d’avocats de l’ex-président d’Haïti.

C’était un entretien de mise en contexte entre le commissaire du gouvernement, Lucmane Délile, et Jean-Bertrand Aristide, a indiqué Me Joël A. Petit-Homme, du conseil de la défense de l’ancien président. Rien n’a été verbalisé, dit-il, par le commissaire du gouvernement, du moins son substitut, qui se rendaient mercredi à la résidence de M. Aristide. Celui-ci, rappelons-le, fait l’objet d’une double plainte.

Le chef du Parquet, qui a préféré le domicile d’Aristide à son bureau, n’entend pas classer les plaintes. "Le dossier suit son cours, a affirmé Me Délile à l’issue de la rencontre qui a duré une trentaine de minutes. Une enquête approfondie sera menée sur les plaintes déposées contre Jean-Bertrand Aristide."

Le commissaire du gouvernement, dont la démission est réclamée par des milliers de partisans du leader charismatique de "Fanmi Lavalas" massés devant le Parquet, a rejeté d’un revers de main les accusations de ceux qui assimilent la convocation d’Aristide à une "persécution politique".

Absence de fondements juridiques

"Aucun acte judiciaire n'a été posé. Le commissaire ne peut pas instruire parce que son rôle est de saisir le cabinet d'instruction ou de classer le dossier sans suite, lorsqu'il est saisi d'une plainte", a révélé Me Camille Leblanc, un des avocats de M. Aristide. Le conseil de la défense a remis une requête au commissaire pour montrer "l'absence de fondements juridiques de l'action du Parquet dans ce dossier", a fait savoir Me Leblanc.

"L’ancien président ne souhaite pas se soustraire à la Justice de son pays et est prêt à se défendre pour prouver son innocence", a écrit le conseil de la défense, dans le document adressé au commissaire du gouvernement.

Contraint à la démission en février 2001, avant de partir en exil pour la deuxième fois en en dix ans, Jean-Bertrand Aristide est poursuivi pour escroquerie et abus de confiance par la Coordination nationale des sociétaires de coopératives (CONASOVIC), que dirige Rosemond Jean.

L’ancien président est aussi dans la tourmente d’anciens pensionnaires de "Lafanmi sé lavi" (la famille c’est la vie, en créole), une œuvre caritative qu’il a fondée avant d’accéder à la magistrature suprême de l’État, en février 1991.